Je me souviens de temps en temps de ce cours de théâtre facultatif que je n’ai pas suivi à l’école secondaire. Non que je me voie secrètement en haut de l’affiche, mais à l’école secondaire, faire les exercices de théâtre, écrire des scénarios et préparer la représentation m’attiraient secrètement. Lorsque j’ai assisté à la représentation, j’ai eu un petit pincement au cœur de ne pas avoir eu le courage de faire le pas et de jouer un rôle, quel qu’il soit, dans la création de cette fantastique petite pièce. J’avais craint de jouer devant ma famille, mes amis, mes enseignants. J’étais certaine que j’aurais bafouillé ou écrit une piètre scène. En ne suivant pas le cours de théâtre, je m’étais épargné une humiliation certaine et une attention inutile, pensai-je.
Au moment, lorsque je pesais le pour et le contre, j’avais très facilement conclu que le bon choix était d’éviter cette attention. Cependant, je me suis aussi privée de travailler aux autres facettes de la pièce.
Ce n’est que plus tard que j’ai réalisé que le regret de ne pas avoir essayé peut considérablement excéder, avec le temps, la possibilité que tout ne se passe pas exactement comme prévu et qu’une certaine dose d’embarras, voire un échec, puisse s’ensuivre.
Si le succès pouvait être garanti, nous sauterions tous sur toutes les nouvelles invitations ou offres qui nous sont proposées. Nous savons que le succès ne sera pas toujours au rendez-vous. La prudence est donc de mise.
Toutefois, en fonction des circonstances, l’échec peut en fait être un puissant outil d’apprentissage.
Quand acquiescer?
Il arrive parfois que l’occasion parfaite aille de soi. Pour les situations un peu moins claires, nous pouvons nous poser quelques questions préliminaires pour tenter de les clarifier. La question de savoir si l’occasion provient d’une source que nous respectons est souvent l’un des facteurs fondamentaux. Si une personne que j’admire ou que je respecte me demande de faire quelque chose, mes expériences ou rencontres passées avec cette personne peuvent suffire à recommander d’acquiescer. Parallèlement, le plus souvent, vous voudrez vous assurer que votre acquiescement vous apporte quelque chose et ne se borne pas à souhaiter faire plaisir à la personne.
Parfois, comme pour le cours de théâtre, nous envisageons une occasion qui nous permet de nous fonder sur un désir latent ou un objectif pas encore atteint. Les souvenirs de regrets d’avoir raté des occasions par le passé peuvent nous porter directement à donner une réponse favorable. Dans ces cas, je dois me rappeler à moi-même qu’il me faut abandonner toute attente de perfection.
Il est des circonstances dans lesquelles un défi nous intrigue et dans lesquelles nous sommes tentés de le relever, mais inquiets, nous manquons de confiance en nous et craignons peut-être d’être considérés comme des imposteurs. Devrais-je enseigner cette séance de formation continue? Oh, mais, une minute, peut-être que les personnes présentes en sauront plus que moi sur le sujet. Devrais-je tenter d’obtenir ce nouveau poste? Mais est-ce que tout le monde le saura si je ne suis pas brillante lors de l’entrevue ou si j’échoue? Il existe des stratégies pour nous aider à faire face à ces craintes et anxiétés (site disponible uniquement en anglais). Nous pouvons, par exemple, prendre des distances par rapport à l’émotion et dresser une liste intérieure des possibles issues positives et de leurs raisons. De même, nous pouvons examiner en toute honnêteté les possibles issues indésirables, de leur probabilité et de leurs conséquences.
Essayez une approche stratégique lorsque les avantages immédiats de l’acquiescement ne sont pas manifestes. Demandez-vous par exemple si cette occasion vous aidera immédiatement ou éventuellement, si elle ne répond pas à un objectif final ou fondamental. S’agit-il d’une occasion d’apprendre? Est-ce la première étape d’un long cheminement? Ainsi, un exposé peut conduire à la rédaction d’un article, d’un chapitre ou d’un livre; à la reconnaissance de votre compétence. Le dépôt d’une candidature peut conduire à un emploi plus gratifiant ou, en cas d’échec, à la rencontre de personnes qui pourraient vous ouvrir de nouvelles portes. Un résultat positif, même s’il n’est pas assuré, améliorerait-il ma carrière? Sera-t-il facile de me remettre d’un échec, et cet échec m’apprendra-t-il quelque chose malgré tout?
La prudence est de mise
« Oui » est souvent la réponse gratifiante et productive lorsque nous sommes à la croisée de chemins. Néanmoins, cette croisée n’existerait pas en l’absence d’autres directions raisonnables. La prudence est toujours de mise lorsque vous évaluez les risques et les possibilités. Ne foncez pas tête baissée. Demandez-vous si vous pouvez gérer la décision, si les normes et attentes, ainsi que l’investissement en temps vous conviennent. Prenez le temps de planifier, de faire des recherches et de vous procurer des outils et connaissances à propos de l’occasion qui se présente afin d’améliorer les chances qu’elle sera gratifiante. Vous êtes peut-être à une étape de votre vie où il est approprié d’assortir votre acquiescement de limites ou de conditions. Découvrez toutes vos options et profitez-en pleinement pour faire vôtres cette occasion et ses fruits. Si vous ne pouvez pas obtenir que vos besoins soient reconnus et comblés, alors la réponse à donner est peut-être « non, pas ceci, pas maintenant ».
Il est en outre essentiel pour les professionnels tournés vers leur avenir de ne pas accepter plus qu’ils ne peuvent faire ou quelque chose qu’ils ne pourront pas bien faire. J’ai parfois dû faire la malencontreuse expérience du fait qu’un acquiescement quelque part est presque toujours doublé d’un refus ailleurs. Nous devons respecter à la fois notre propre personne, les personnes qui nous sont proches et celles auxquelles nous souhaitons accepter les propositions, et veiller à ne pas « avoir les yeux plus grands que le ventre ». Une occasion par ailleurs très tentante peut non seulement se solder par un épuisement professionnel et une perturbation de notre vie, mais également par un rendement médiocre (ou piètre) si nous ne disposons pas réellement du temps, de l’énergie ou de toute autre capacité nécessaires à consacrer à cette activité.
Échafauder des conjectures
Il est parfois utile d’envisager les décisions ou les hypothèses à rebours et d’échafauder des conjectures. Que serait-il advenu si j’avais échoué la dernière fois que j’ai relevé un défi? Aurai-je réussi à le surmonter? Quel aurait été mon cheminement? Si j’accepte cette occasion et que cela ne mène à rien, vais-je regretter le temps et l’énergie que j’y aurai consacrés? Aurai-je tiré les enseignements de l’expérience et évité de le regretter à l’avenir? Si je refuse cette occasion et que je vois que quelqu’un l’a saisie, regretterai-je de ne pas l’avoir fait?
Le cas du cours de théâtre est devenu mon point de référence lorsque je me demande si je dois accepter une invitation ou une occasion imprévue. J’accepte désormais plus souvent. Il s’est plus souvent avéré que c’était la bonne réponse ou une réponse acceptable, dans la mesure où mon temps, mon énergie et l’équilibre de ma vie me le permettent.
Kim Nayyer est bibliothécaire universitaire associée pour le programme de droit et de recherche et rédaction juridiques à la Faculté de droit de l’Université de Victoria .