Lorsqu’elle a commencĂ© Ă exercer le droit chez Gowlings après avoir Ă©tĂ© admise au Barreau en 2009, l’avocate Monique Roberts s’est rapidement rendu compte que le modèle de facturation fondĂ©e sur le temps « encourage l’inefficacitĂ© et n’a aucun sens du point de vue commercial ».
Me Roberts s’intĂ©ressait Ă la façon dont la technologie et l’innovation peuvent ĂŞtre utilisĂ©es pour amĂ©liorer l’exercice du droit. Elle avait dĂ©jĂ travaillĂ© en proche collaboration avec Karyn Bradley, l’associĂ©e-directrice du bureau de Toronto, qui lui avait suggĂ©rĂ© de participer Ă l’Ă©laboration de Avantage pratique GowlingsMC, une approche d’avant-garde de la gestion de projets juridiques. Me Roberts a acceptĂ© avec enthousiasme malgrĂ© sa relative ignorance du sujet. Cependant, elle a commencĂ© Ă se renseigner et « cela m’a semblĂ© tout Ă fait Ă©vident ».
La gestion de projets dans les cabinets d’avocats est de mieux en mieux acceptĂ©e alors que les clients rĂ©clament Ă grands cris que soit modifiĂ©e la façon dont les services juridiques sont fournis. Les juristes utilisent peut-ĂŞtre dĂ©jĂ des principes fondamentaux de gestion des dossiers. Cependant, la gestion de l’exercice du droit peut aider Ă accroĂ®tre l’efficience et la prĂ©visibilitĂ© des frais pendant toute la pĂ©riode de planification et de gestion d’un marchĂ©. Une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par le consultant juridique Altman Weil rĂ©vèle que selon l’une des exigences les plus importantes prĂ©sentĂ©es par les chefs du contentieux des entreprises, la gestion des projets doit ĂŞtre plus efficiente.
Après avoir commencĂ© Ă Ă©tudier le concept de gestion de projets, les membres de l’Ă©quipe de Gowlings ont communiquĂ© avec Elevate Services, une nouvelle entreprise, pour crĂ©er leur propre programme de gestion de projets juridiques. « Nous avons travaillĂ© avec eux dès le dĂ©part pour crĂ©er ce que nous souhaitions utiliser », dĂ©clare Me Roberts. Le logiciel dans le nuage qui en a rĂ©sultĂ© est appelĂ© Cael. D’autres produits Ă©taient disponibles, dit-elle, « mais nous savions que pour qu’il soit utilisĂ© il devait ĂŞtre très, très simple ». Cela a exigĂ© de crĂ©er un logiciel qui ne reprĂ©sente pas une Ă©nigme technologique, qui offre un moyen de faire un suivi des questions juridiques tout en respectant les dĂ©lais et les limites budgĂ©taires.
Me Roberts et deux collègues forment les juristes du cabinet Ă l’utilisation de Cael. Certains des juristes dĂ©veloppent leurs plans de projets par eux-mĂŞmes, mais il est frĂ©quent que d’autres demandent Ă Monique Roberts ou Ă des membres de son Ă©quipe de les aider Ă rĂ©aliser le processus et Ă Ă©laborer des modèles pour divers types de questions juridiques. Il faut environ une heure pour Ă©laborer un plan de projet complet et un devis.
Le processus de gestion de projets de Gowlings est basĂ© sur un cadre simple comportant quatre Ă©tapes, la première Ă©tant la dĂ©finition des attentes des clients. La planification arrive ensuite, c’est-Ă -dire, la dĂ©termination de toutes les pièces, de l’Ă©tendue du travail et de la personne qui va l’effectuer. La troisième Ă©tape est la surveillance et la gestion qui permettent de s’assurer que le projet respecte le budget et les Ă©chĂ©ances. Enfin, le processus se termine avec une sĂ©ance portant sur les « enseignements tirĂ©s » de l’expĂ©rience une fois le dossier clos. Ă€ ce stade, l’Ă©quipe se rĂ©unit et parle de ce qui s’est bien passĂ© et de ce qui pourrait ĂŞtre fait diffĂ©remment la prochaine fois. « Nous utilisons ces renseignements pour mettre Ă jour nos prĂ©cĂ©dents, par exemple, et amĂ©liorer nos modèles », dĂ©clare Me Roberts.
Une fois un dossier ouvert, Cael est liĂ© au système de suivi du temps et de facturation, et les informations sont incorporĂ©es dans le logiciel quotidiennement. Cela permet aux clients de connaĂ®tre les progrès de leur affaire tout au long du processus. « Nous disposons de renseignements qui sont presque en temps rĂ©el concernant notre situation par rapport au budget », affirme Me Roberts. Pour afficher la proportion du travail qui a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©, il suffit au juriste de faire glisser une barre pour chaque tâche afin d’indiquer le pourcentage rĂ©alisĂ©. « Cela nous permet de le consulter et de voir, par exemple, que 30 % du travail a Ă©tĂ© fait mais que 40 % du budget a Ă©tĂ© utilisĂ©. Nous savons donc que le budget va ĂŞtre dĂ©passĂ© dans ce cas. » Le juriste peut par consĂ©quent en aviser le client avant la clĂ´ture du dossier.
« Les clients demandent cela maintenant », dĂ©clare Me Roberts. Ils comprennent ce qu’est la gestion de projets et leurs commentaires sont extrĂŞmement positifs. Ă€ ce stade, ajoute-t-elle, ce qu’ils veulent en plus, c’est de pouvoir accĂ©der Ă Cael par eux-mĂŞmes.
Les rĂ©actions des juristes du cabinet ont Ă©tĂ© Ă©tonnamment enthousiastes, dĂ©clare Me Roberts, bien que certains se soient opposĂ©s Ă son utilisation. « Cependant, je pense que cela va changer parce que les clients vont exiger son utilisation. »
La gestion de projets garantit que le client et le juriste se comprennent dès le dĂ©part. « Chacun connaĂ®t les Ă©chĂ©ances et le nom de la personne qui travaille au dossier. Cela nous permet d’avoir un dialogue permanent avec les clients au fil de la progression du dossier », dit Me Roberts. La gestion de projets juridiques n’est pas nĂ©cessairement adaptĂ©e Ă tous les genres de dossiers, y compris les dossiers ponctuels de petite taille traitĂ©s par un seul juriste. Cependant, advenant que plus d’un bureau doive participer au traitement de l’affaire, qu’elle coĂ»tera au client plus de 30 000 dollars ou que des professionnels multiples doivent participer au traitement, l’utilisation de la gestion de projets tombe sous le sens, dit-elle.
Me Roberts fera un exposĂ© sur la gestion de projets juridiques dans le cadre des huit modules de base de la sĂ©rie MaĂ®tres en pratique proposĂ©e par l’ABC en 2016. Le programme de cette annĂ©e, intitulĂ© L’anatomie d’une transaction (Anatomy of a Deal - offert uniquement en anglais), comporte 16 modules axĂ©s sur tous les aspects d’une opĂ©ration de fusion et acquisition, du dĂ©but Ă la fin, prĂ©sentĂ©e sous la forme d’un scĂ©nario Ă©laborĂ© par Jake Bullen, associĂ© chez Cassels Brock & Blackwell.
MalgrĂ© sa relative inexpĂ©rience, Me Roberts est maintenant tout Ă fait immergĂ©e dans Avantage pratique GowlingsMC. Elle s’Ă©loigne de sa pratique centrĂ©e sur les affaires et le commerce pour travailler Ă temps plein dans le domaine de la gestion de projets juridiques, l’Ă©laboration de modèles, la prestation de la formation Ă l’interne et l’offre de mentorat aux juristes dans ce domaine.
Me Roberts a sans doute trouvĂ© sa vocation sous forme de gestion de projets, mais cela n’a pas Ă©tĂ© sans dĂ©tour. Avant d’entrer Ă la facultĂ© de droit, elle a Ă©tĂ© employĂ©e comme gestionnaire-comptable dans l’industrie de la publication de magazines pendant plusieurs annĂ©es, avant de devenir instructrice en plongĂ©e sous-marine aux Philippines, en Égypte et en Ontario. La vie sur les plages en maillot de bain « n’Ă©tait pas mal », reconnaĂ®t-elle, mais Ă 30 ans, elle a suivi sa mère sur les bancs de la facultĂ© de droit. Cette dernière Ă©tait en troisième annĂ©e Ă Osgoode Hall lorsque Me Roberts est entrĂ©e en première annĂ©e.
Elle conseille aux jeunes juristes de s’appliquer Ă approfondir leurs compĂ©tences juridiques sans pourtant oublier d’apprendre le cĂ´tĂ© commercial du droit dès que possible. « Savoir comment Ă©laborer un budget et des devis pour les clients est une compĂ©tence importante. » Elle est convaincue que certaines des meilleures idĂ©es sont proposĂ©es par de jeunes juristes et leur conseille de ne pas craindre de parler s’ils ont trouvĂ© une façon novatrice d’amĂ©liorer la qualitĂ© et l’efficience de l’exercice du droit. « La façon dont nous exerçons le droit a Ă©normĂ©ment changĂ© depuis quelques annĂ©es et ce changement va se poursuivre. Je pense que ceux qui vivent avec leur temps et sont ouverts au changement sont bien mieux placĂ©s que les autres. »
Ann Macaulay est fréquemment publiée dans EnPratique.