Si vous voulez que ce soit bien fait, faites-le vous-mĂŞme.
Nombreux sont les professionnels dont c’est la devise, et les juristes ne font pas exception. Cependant, selon l’experte en productivitĂ©, Ann Gomez, les juristes seront beaucoup plus productifs au quotidien s’ils mettent Ă profit les compĂ©tences de leur personnel de soutien.
« Beaucoup de personnes se disent “si je suis le spĂ©cialiste... pourquoi confier le travail Ă quelqu’un d’autre? Pourquoi dĂ©lĂ©guer la tâche?” », dĂ©clare la prĂ©sidente de Clear Concept Inc., une sociĂ©tĂ© basĂ©e Ă Toronto. « Ce que nous devrions plutĂ´t nous demander c’est : “quelqu’un est-il compĂ©tent pour m’aider, ponctuellement ou jusqu’au bout, Ă parvenir Ă mon objectif?” C’est lorsque la rĂ©ponse est positive que nous devrions dĂ©lĂ©guer. »
En plus d’accroĂ®tre leur productivitĂ©, les juristes qui dĂ©lèguent efficacement le travail Ă leur personnel de soutien rĂ©duisent Ă©galement la facture pour le client. Les adjoints administratifs, clercs et autres membres du personnel sont plus motivĂ©s et investis dans leurs tâches dans un contexte de collaboration.
Cependant, il faut du temps pour établir de solides voies de communication et mettre en place des systèmes pour garantir une collaboration efficace; et le temps est une denrée rare et précieuse dans les cabinets juridiques.
« Le personnel de soutien attend souvent que les juristes dĂ©cident de la marche Ă suivre et dĂ©finissent les rĂ´les de chacun », dĂ©clare Ann Gomez. « Le problème, c’est que les juristes ne savent pas toujours comment utiliser au mieux leurs ressources en matière de soutien. Ils sont tellement occupĂ©s Ă se tenir Ă jour qu’ils ne disposent pas du temps nĂ©cessaire pour planifier la meilleure rĂ©partition des responsabilitĂ©s au sein de l’Ă©quipe. »
La conseillère en productivité déclare que les équipes juridiques les plus efficaces avec lesquelles elle a travaillé sont celles dans lesquelles les juristes évitent une approche hiérarchique et travaillent en partenariat avec leur personnel de soutien.
« Quand ils estiment que le travail Ă effectuer au sein du cabinet leur appartient collectivement, ils ont alors des objectifs communs, mais des responsabilitĂ©s diffĂ©rentes pour les atteindre. C’est la meilleure recette pour le succès », affirme Mme Gomez.
La gestion des documents sur papier est l’un des domaines dans lesquels le personnel de soutien devrait prendre les initiatives, dit-elle.
Laura Williams, une avocate de Markham (Ontario), est entrée dans la profession un peu mieux armée que la plupart de ses collègues concernant les frustrations vécues par le personnel de soutien. Une de ses sœurs travaille comme adjointe juridique dans un cabinet juridique très occupé au centre de Toronto.
« Sa perspective m’a aidĂ©e Ă comprendre que, quel que soit le service offert dans un contexte professionnel, le soutien juridique et administratif est le nerf de la guerre », dĂ©clare la fondatrice et directrice de Williams HR Law Professional Corporation.
Ayant toujours reconnu le rĂ´le essentiel jouĂ© par le soutien juridique et administratif dans l’exercice d’une profession, Laura Williams s’est efforcĂ©e d’Ă©tablir de solides relations professionnelles avec le personnel au moyen de divers outils et stratĂ©gies.
Ainsi, elle-même et son adjoint administratif ont élaboré des mandats qui énoncent clairement leurs rôles et responsabilités respectifs. Cela signifie que Mme Williams est tenue responsable du désordre sur son bureau. Tout comme elle est responsable si elle ne communique pas clairement des instructions ni ne délègue correctement une tâche.
« Nombreux sont les juristes qui donnent des instructions incomplètes, ou qui s’attendent Ă ce que leurs adjoints soient tĂ©lĂ©pathes, ce qui n’est pas le cas », affirme Laura Williams. En collaboration avec Ann Gomez, elle prĂ©sentera un webinaire le 19 mai au sujet de l’accroissement de la productivitĂ© grâce Ă la collaboration efficace avec le personnel de soutien. Ce webinaire fait partie de la nouvelle sĂ©rie Solutions de l’ABC (offerte uniquement en anglais). « Nombreux sont les adjoints ou membres du personnel de soutien qui sont frustrĂ©s et ont l’impression qu’on leur manque de respect parce que les juristes ne prennent pas le temps de leur donner les renseignements dont ils ont besoin pour travailler efficacement. »
La mise en place d’un système de gestion des prioritĂ©s fiable est l’un des meilleurs moyens de clarifier la rĂ©partition des rĂ´les, dit Ann Gomez. Cela commence par une liste de tâches qui, en plus des rĂ©unions rĂ©gulières de planification, aide les juristes Ă communiquer leurs prioritĂ©s au personnel de soutien.
Laura Williams dit que dans le cadre de sa stratĂ©gie, elle vĂ©rifie l’Ă©tat de la situation avec son adjoint au dĂ©but et Ă la fin de chaque journĂ©e de travail. Cela peut ne prendre que quelques minutes et ni elle ni son adjoint ne sont obligĂ©s de s’en tenir aux mĂŞmes heures de travail, ajoute-t-elle, mais ce système rĂ©duit les risques d’oubli de tâches. La rencontre quotidienne permet en outre de dĂ©celer toute nouvelle question qui exige une attention immĂ©diate.
Mme Williams recommande, en outre, de consulter un tiers expert qui peut évaluer les appuis supplémentaires nécessaires dans un bureau et recommander des stratégies pour les mettre en place avec succès.
Ainsi, la technologie est un facteur qui est un moteur permanent du changement de la façon dont les juristes et leur personnel de soutien collaborent.
Ray Adlington, chef de la direction et associĂ© directeur chez McInnes Cooper, Ă Halifax, dit que l’ère numĂ©rique signifie que les clients s’attendent de plus en plus Ă obtenir sans dĂ©lai des rĂ©ponses Ă leurs questions.
« La tâche Ă©choit de plus en plus souvent aux adjoints juridiques lorsque les juristes ne sont pas disponibles, travaillant sur le dossier d’un autre client », dit-il. « Le rĂ´le (du personnel de soutien) comporte un degrĂ© d’autonomie plus Ă©levĂ© que jamais. »
McInnes Cooper a plusieurs initiatives en cours visant Ă mieux appuyer le personnel et Ă renforcer ses relations de travail avec les juristes. Les efforts sont en outre liĂ©s Ă l’accent mis par le cabinet sur les normes d’engagement et les valeurs des employĂ©s.
L’un des changements qu’a apportĂ©s McInnes Cooper est l’ajout de prĂ©posĂ©s au soutien juridique responsables notamment de la photocopie et de la numĂ©risation des documents.
Le cabinet a également un service de traitement de texte centralisé qui aide en cas de dossier complexe.
Par ailleurs, McInnes Cooper lance un projet pilote appelĂ© « vĂ©rification du soutien » (support check), en vue de mieux comprendre la façon dont les juristes et leurs adjoints juridiques collaborent. Les renseignements recueillis lors d’entretiens avec le personnel seront utilisĂ©s pour dĂ©terminer, Ă l’avenir, la rĂ©partition du travail et les exigences de soutien.
« Nous faisons beaucoup d’effort du point de vue de la communication, examinant attentivement comment amener au mieux les membres de notre Ă©quipe de soutien Ă participer », affirme Angela Lewis, l’associĂ©e directrice des ressources professionnelles administratives du cabinet. « Nous axons nos efforts sur l’accroissement de la communication et le fait de montrer au personnel de soutien le rĂ´le qu’il joue dans le traitement du dossier en gĂ©nĂ©ral. »
McInnes Cooper Ă©labore aussi un ensemble de pratiques exemplaires pour les juristes et pour les adjoints juridiques, accompagnĂ© d’une formation pour aider Ă renforcer les relations de travail. Le cabinet commence des vĂ©rifications de technologie pour tout le personnel, offrant des formations personnalisĂ©es pour aider chaque membre du personnel Ă satisfaire aux normes de compĂ©tence.
JoAnn Alberstat est auteure et rédactrice à Halifax.
Nota – PrĂ©voyez-vous, ou d’autres juristes de votre cabinet prĂ©voient-ils, d’assister au webinaire Boost Your Productivity II: Working Effectively with Support Staff (offert uniquement en anglais)? Si c’est le cas et que vous souhaitez que votre personnel de soutien participe Ă la discussion, veuillez l’encourager Ă remplir ce sondage anonyme (uniquement en anglais) d’ici le vendredi 29 avril.