Maintenant que les affaires sont en baisse dans plusieurs cabinets, particulièrement dans certains des cabinets les plus rentables du pays, plusieurs associés et directeurs généraux examinent de près la manière dont leur cabinet utilise son temps et son argent pour répondre aux demandes de proposition (DP) des clients potentiels.
Des consultants de la firme Altman Weil ont rĂ©cemment Ă©tabli que le coĂ»t des rĂ©ponses aux DP variait entre 35 000 $ et 65 000 $ chacune, soit l’Ă©quivalent de 100 Ă 200 heures de travail d’associĂ©s dans la plupart des cabinets. Un tel prix serait acceptable si le taux de succès des rĂ©ponses aux DP Ă©tait Ă©levĂ©. Malheureusement, il n’est que de 30 % environ. Vous avez compris : 70 % des propositions sont rejetĂ©es par l’organisation cliente. Pire encore, le « succès » des propositions signifie en gĂ©nĂ©ral ĂŞtre placĂ© sur une liste de conseillers approuvĂ©s, sans aucune garantie de travail additionnel. La plupart de ces « succès » ne rapportent rien, Ă part un contact personnel. Un cabinet a mĂŞme confiĂ© que ses nouveaux « clients » ne retournaient mĂŞme pas ses appels.
Dans une économie où chaque dollar et chaque minute sont surveillés attentivement, que devraient faire les cabinets pour améliorer ce médiocre bilan? Les quatre éléments suivants peuvent constituer un bon départ :
1. Devrait-on carrément cesser de répondre aux DP?
Se faire solliciter est flatteur, et refuser est difficile. Mais plusieurs cabinets devraient rĂ©sister Ă la tentation de rĂ©pondre Ă une DP en dĂ©cidant d’abord si le travail bonifiera la gamme de services du cabinet, pas seulement sur le plan des heures facturables, mais sur le plan du prestige, de la formation des employĂ©s, des opportunitĂ©s supplĂ©mentaires possibles auprès d’autres clients, etc.
2. Si la demande nous convient effectivement, quelle doit être notre réponse?
D’abord, elle devrait ĂŞtre courte. Ensuite, elle devrait ĂŞtre franche et se concentrer sur les bĂ©nĂ©fices pour le client, pas sur les qualitĂ©s du cabinet. Si un client potentiel n’Ă©tait pas dĂ©jĂ au courant que vous Ă©tiez qualifiĂ© pour rĂ©pondre, il n’aurait tout simplement pas envoyĂ© de DP. Alors pourquoi tant de cabinets parlent-ils de leur taille, de leurs bureaux, de leurs Ă©quipes et du parcours de leur personnel? La rĂ©ponse : parce que c’est facile et que c’est sur le rĂ©seau [it’s on the network]. Dans un rĂ©cent examen de ses rĂ©ponses aux DP, l’une des plus grandes sociĂ©tĂ©s d’assurance des États-Unis a dĂ©couvert que seulement 2 de ses rĂ©ponses sur 50 se conformaient Ă ce critère, c’est-Ă -dire portaient spĂ©cifiquement sur ce que le cabinet pourrait faire pour les problèmes du client Ă la lumière des recherches effectuĂ©es prĂ©cĂ©demment par le cabinet.
3. Si nous obtenons le contrat, qui devrions-nous choisir?
Cette question est plus importante que ne le croient la plupart des cabinets, parce qu’elle est rĂ©vĂ©latrice de la culture du cabinet et de la manière dont il traitera les affaires du client. Combien devrions-nous en prendre? (Un indice : moins, c’est mieux.) Qui choisir? (Un indice : la reprĂ©sentativitĂ© des sexes et des groupes ethniques lors de la première rencontre avec le client rĂ©pondra mieux Ă ses prĂ©occupations concernant la diversitĂ© que n’importe quelle proposition Ă©crite.)
4. Comment assurer le suivi?
Le cabinet a une rĂ©elle occasion de se distinguer mĂŞme si, ou peut-ĂŞtre surtout si, le cabinet ne se fait pas confier l’affaire. En contactant ultĂ©rieurement le client et en lui posant franchement des questions sur sa performance, le cabinet apprendra inĂ©vitablement Ă amĂ©liorer ses propositions tout en entretenant sa relation avec le client.
Vous trouverez peut-ĂŞtre un peu de rĂ©confort dans le fait que peu de cabinets se distinguent dans leurs rĂ©ponses aux DP. Plusieurs cabinets tentent d’Ă©conomiser du temps en faisant du copier-coller avec des propositions antĂ©rieures. Une fois, l’un des plus grands cabinets d’avocats du pays, qui disposait nettement des ressources nĂ©cessaires pour faire un meilleur travail, a soumis une proposition qui contenait des ratures et le nom du demandeur prĂ©cĂ©dant Ă la grandeur du document. Lorsque le client potentiel lui en a parlĂ©, un associĂ© du cabinet a simplement dit : « Vous n’avez qu’Ă utiliser la fonction “Accepter toutes les modifications”. Ça devrait faire l’affaire. »
Un autre raccourci consiste Ă dĂ©lĂ©guer le travail au dĂ©partement de marketing ou Ă carrĂ©ment l’impartir. Bien que les spĂ©cialistes en marketing aient en gĂ©nĂ©ral une excellente plume, il leur manque souvent l’expĂ©rience et les connaissances nĂ©cessaires pour rendre la proposition exceptionnelle.
En somme, pour garantir le succès de la proposition, l’Ă©quipe qui en est chargĂ©e devrait passer en revue les questions suivantes :
- S’agit-il d’un client stratĂ©gique pour le cabinet ou plutĂ´t d’une occasion Ă très court terme?
- Quelles sont nos chances de gagner?
- Avons-nous une marque qui est importante pour ce client qui nous donnerait un avantage?
- Avons-nous des relations personnelles avec une personne du côté du client?
- Si nous avons obtenu l’affaire, pour quelles raisons? Si nous ne l’avons pas eu, pour quelles raisons?
En passant en revue ce type de questions, le cabinet devrait accroĂ®tre ses chances de gagner des affaires importantes et rentables en pĂ©riode difficile — et aussi lorsque la conjoncture sera meilleure.
Charles Maddock est directeur principal chez Altman Weil, Inc., et a une longue expĂ©rience en planification stratĂ©gique des affaires et de la commercialisation pour des organismes de services et des entreprises du top 100 de la revueFortune . Il a travaillĂ© avec plus de trois cents cabinets d’avocats aux États-Unis, au Canada et en Grande-Bretagne dans les domaines de la stratĂ©gie d’entreprise, de la stratĂ©gie de marque, des relations avec la clientèle, de la formation et du marketing. Il est l’auteur du blogue Maddock on Marketing, sur la mise en valeur et le dĂ©veloppement des cabinets d’avocats, oĂą a d’abord paru le prĂ©sent article.