Les avocats sont de grands orateurs, dit-on. Il est temps de le prouver au monde entier! La diffusion de vidĂ©os en ligne sur des sujets d’expertise est une forme de « marketing par contenu » de plus en plus rĂ©pandue.
Comment diagnostiquer correctement un cancer, comment traiter une Ă©paule disloquĂ©e, comment prĂ©venir les complications d’une attaque cardiaque… Dans plus de 300 vidĂ©os en ligne, le New-Yorkais Gerri Oginski explique dans le dĂ©tail le travail des mĂ©decins.
Il montre des photos, brandit des radiographies. Il cite de nombreux cas de patients, souvent anonymes, parfois moins; quand l’acteur Michael Douglas a annoncĂ© son cancer de la gorge, Me Oginski a aussi analysĂ© son diagnostic Ă la camĂ©ra.
Toujours limpide et efficace dans ses explications, bien cadrĂ© et Ă©clairĂ©, Gerry Oginski diffuse plus de vidĂ©os sur les pratiques mĂ©dicales dans son site (oginski-law.com) et son canal YouTube (youtube.com/lawmed1) que s’il avait sa proper chronique sur le sujet Ă la tĂ©lĂ©vision.
Mais Me Oginski n’est pas mĂ©decin. C’est un avocat, specialise dans les fautes professionnelles mĂ©dicales. Ă€ en croire ses vidĂ©os, il connaĂ®t ses dossiers sur le bout des doigts. Et c’est exactement ce qu’il souhaite que l’on pense.
Conquérir YouTube
« Si vous tapez dans YouTube “Queens Medical Malpractice Lawyer”, je possède carrĂ©ment les deux premières pages », ditil fièrement. « Mais les avocats de tous types de pratique devraient faire de la vidĂ©o en ligne. »
Pour Gerry Oginski, le but numĂ©ro un de la vidĂ©o est de se diffĂ©rencier en montrant aux clients potentiels de quoi les avocats ont vraiment l’air, afin de les mettre en confiance avant mĂŞme le premier appel.
« Quand j’ai commencĂ©, je dĂ©pendais de la tĂ©lĂ©vision, de la radio, des petites annonces et des Pages Jaunes. J’ai fait de la vidĂ©o parce que je voulais montrer ma diffĂ©rence. Je m’en sers pour expliquer Ă des clients idĂ©aux ce qu’ils devraient savoir sur les fautes professionnelles mĂ©dicales », explique Me Oginski. « Aujourd’hui, la plupart de mes clients proviennent de lĂ ! »
« Les gens m’appellent pour me remercier des informations que je leur donne », tĂ©moigne Me Oginski, qui produit Ă©galement des vidĂ©os pour une dizaine de confrères avec son enterprise LawyersVideoStudio.com.
Les gens n’ont que faire de vous!
CĂ´tĂ© contenu, ce n’est pas compliquĂ© : parlez de ce que vous connaissez, et n’ayez pas peur d’entrer dans les dĂ©tails.
« Les gens n’en ont rien Ă faire de vous et de votre cabinet », lâche Gerry Oginski. « Faire un portrait vidĂ©o de votre cabinet, parler de vos compĂ©tences, c’est bien, mais ça n’intĂ©resse pas les gens. Ce qu’ils cherchent, c’est savoir s’ils ont une cause valide ou pas, trouver des lignes de dĂ©fense, etc. »
« Ils ont besoin d’ĂŞtre Ă©duquĂ©s sur la façon dont ces causes fonctionnent, ce que font les avocats et les juges suivant quelles Ă©tapes », poursuit Me Oginski. « Plus vous dĂ©taillez vos explications, plus ils seront Ă©duquĂ©s. Ils vous verront comme l’expert, et jugeront les autres avocats Ă travers vous, surtout si ces derniers ne diffusent pas de contenu. »
Compléter les publications
Au Canada, peu d’avocats diffusent ce genre de vidĂ©os pour le moment. Torys, de Toronto, se dĂ©marque depuis 2006 avec des capsules oĂą ses spĂ©cialistes abordent des sujets tels que les consĂ©quences d’une nouvelle rĂ©glementation environnementale, les pratiques canadiennes dans la publicitĂ© alimentaire, ou la rĂ©daction d’un accord de licence.
« Au dĂ©part, notre idĂ©e Ă©tait d’offrir un complĂ©ment Ă nos publications pour rĂ©pondre aux nombreuses questions que celles-ci suscitaient », explique Stuart Wood, directeur du marketing chez Torys. « Maintenant, nous cherchons plutĂ´t Ă partager nos idĂ©es pour nous prĂ©senter comme des influenceurs. »
« Nos clients aiment beaucoup ce format, et ils nous ont aidĂ© Ă nous amĂ©liorer », poursuit Me Wood.
Un outil de recrutement
Côté résultats, Me Wood peut au moins citer un client qui a téléphoné et engagé Torys après avoir vu un vidéo. La firme fait aussi usage de la vidéo dans le recrutement des jeunes, friands et habitués de ce format.
Dans le site Torys.com/VideoCenter/StudentVideoSeries, les stagiaires partagent de leur expérience, et des associés de la firme expliquent le déroulement des entrevues et des stages.
« Ça permet aux candidats de savoir Ă quoi s’attendre, et de se sentir plus confortables en entrevue. Les Ă©tudiants adorent ça! », dit Stuart Wood.
Reste Ă bien choisir son casting. Selon Me Wood, il est difficile de savoir Ă l’avance quels avocats passeront le mieux Ă la camĂ©ra.
« Il ne faut pas se fier aux apparences! Les personnes les plus allumĂ©es dans la vie ont tendance Ă ĂŞtre moins naturelles en vidĂ©o. Mieux vaut privilĂ©gier un avocat qui connait extrĂŞmement bien son sujet, puis le filmer en entrevue. C’est la meilleure façon pour les clients de vraiment sentir comment c’est de travailler avec cet avocat. »