La rémunération des associés sous l’angle de la responsabilité morale

  • 20 janvier 2014
  • Edward Poll

L’exercice du droit est une entreprise. Cela signifie que les cabinets d’avocats sont rĂ©gis par la formule de flux de trĂ©sorerie qui dĂ©finit la rĂ©ussite de toute entreprise : P = R - E. Le profit (pour les propriĂ©taires du cabinet) Ă©gale les revenus perçus moins les dĂ©penses. Cela dĂ©finit les flux de trĂ©sorerie, soit le lubrifiant qui permet Ă  toutes les entreprises de fonctionner. Lorsque les associĂ©s retirent trop d’argent de l’organisation, cela crĂ©e un problème de flux de trĂ©sorerie. Dans trop de cabinets d’avocats avant la grande rĂ©cession, les associĂ©s se sont habituĂ©s Ă  des styles de vie exorbitants et n’Ă©taient pas prĂŞts Ă  financer l’organisation en raison du sentiment qu’ils ne faisaient que recevoir leur dĂ».

Engagement des propriétaires

Les avocats, en tant que propriĂ©taires de leur cabinet, ont une responsabilitĂ© et doivent faire preuve d’engagement Ă  l’Ă©gard de la rĂ©ussite du cabinet. Les flux de trĂ©sorerie ne sont pas qu’un paramètre financier. Il s’agit d’une responsabilitĂ© morale qui incombe au propriĂ©taire d’un cabinet. Un propriĂ©taire, c’est-Ă -dire un associĂ© du cabinet, devrait ĂŞtre le dernier Ă  rĂ©colter des avantages financiers du cabinet, après le personnel, les sociĂ©taires et les fournisseurs.

Les propriĂ©taires du cabinet devraient ĂŞtre obsĂ©dĂ©s par la façon d’amĂ©liorer l’efficience, la croissance et la rentabilitĂ© du cabinet en faisant de celui-ci une unitĂ© cohĂ©rente, s’Ă©loignant du modèle dĂ©ficient selon lequel les cabinets ne sont que des silos d’avocats exerçant seuls sous une vague structure organisationnelle. Trop souvent, de tels avocats passent Ă  d’autres cabinets, oĂą ils maintiennent leur conduite flagrante.

Une mentalitĂ© de propriĂ©taire qui soutient l’engagement Ă©motionnel envers la rĂ©ussite du cabinet peut mener directement Ă  la facturation selon la valeur et au service Ă  la clientèle, plutĂ´t qu’Ă  l’accent sur les heures facturables et l’absence de prise en considĂ©ration de la valeur de ce que fait chaque personne. Cela fait en sorte que le cabinet n’est pas qu’un simple commerçant. Cela le rend vraiment professionnel.

Demandes des clients

La rĂ©cession a dĂ©montrĂ© que les cabinets d’avocats ne peuvent plus verser, ou ne verseront plus, une rĂ©munĂ©ration n’ayant aucune commune mesure avec ce que les clients accepteront. La valeur que les clients exigent de plus en plus dĂ©termine la rĂ©munĂ©ration des avocats. Cela se traduit par une plus grande efficience des honoraires et par une moins grande emphase sur l’augmentation des bĂ©nĂ©fices par associĂ©. L’objectif poursuivi est la diminution des coĂ»ts, et les cabinets d’avocats en feront de plus en plus les frais.

Dans la mesure oĂą les cabinets d’avocats fournissent le service dont les clients ont besoin, et Ă  des prix qu’ils sont prĂŞts Ă  payer, ils disposeront des fonds nĂ©cessaires pour la rĂ©munĂ©ration. Autrement, il leur sera difficile de survivre. Les entreprises clients voulant rĂ©duire leurs frais juridiques en diminuant leur besoin d’avocats externes, les survivants devront fournir certains travaux assortis d’un volume relativement constant (comme les dĂ©pĂ´ts de brevets ou les affaires de relations de travail) Ă  des tarifs fixes sur une certaine pĂ©riode, de sorte que ces affaires deviendront l’Ă©quivalent juridique d’une marchandise. Pour les travaux non rĂ©pĂ©titifs, les cabinets devront avoir recours Ă  des modes de facturation souples. Lorsque le temps ne constitue pas la considĂ©ration pertinente pour la fixation des honoraires, il est essentiel pour offrir la valeur que veulent les clients d’utiliser les honoraires conditionnels, fixes, plafonnĂ©s ou axĂ©s sur la valeur.

Philosophie d’Ă©quipe

Compte tenu de ces facteurs complexes, la meilleure mĂ©thode de rĂ©munĂ©ration dans le contexte actuel de sensibilitĂ© aux coĂ»ts fait appel Ă  la philosophie d’Ă©quipe affectĂ©e au client afin d’augmenter les revenus et de rĂ©duire les coĂ»ts. La rĂ©munĂ©ration de base suivant cette mĂ©thode est liĂ©e Ă  l’efficacitĂ© de la participation d’autres avocats du cabinet Ă  l’Ă©quipe qui fournit les services juridiques aux clients. Cela permet la facturation des services aux clients selon des tarifs diversifiĂ©s, ce qui maximise les revenus et la rentabilitĂ©. La rĂ©munĂ©ration est fondĂ©e sur ce qui est produit pour l’organisation – et non pas pour une seule personne – car les revenus de l’organisation s’en trouvent maximisĂ©s, de mĂŞme que les flux de trĂ©sorerie, soit l’Ă©lĂ©ment essentiel de sa survie.

Comparons les Ă©quipes sportives qui ont une ou deux vedettes Ă©gocentriques et libres de jouer comme elles le veulent et les Ă©quipes qui n’ont pas de vedettes, mais dont les joueurs travaillent très bien ensemble. Les premières peuvent avoir une bonne saison (souvent suivie d’un effondrement), tandis que les dernières vont plus loin dans les sĂ©ries Ă©liminatoires parce que la nature collective de la rĂ©alisation permet Ă  chacun de demeurer plus longtemps Ă  son meilleur. Le meilleur mode de rĂ©munĂ©ration dans les cabinets d’avocats n’applique pas un système de vedettariat qui rĂ©compense seulement ceux qui pensent Ă  eux-mĂŞmes, mais un système qui rĂ©compense aussi les personnes qui contribuent au succès de l’Ă©quipe.

La philosophie d’Ă©quipe indique explicitement le lien entre la rĂ©munĂ©ration de chacun et les revenus globaux du cabinet. Les cabinets qui servent les gros clients Ă  l’aide d’Ă©quipes (et non pas seulement Ă  l’aide d’une seule Ă©minence grise) peuvent relever et fournir des services spĂ©cialisĂ©s nĂ©cessaires qui reflètent l’Ă©ventail des prĂ©occupations des clients. L’avocat responsable de la facturation coordonne la prestation des services suivant un plan stratĂ©gique et peut offrir aux clients un ensemble de services complets et pratiquement intĂ©grĂ©s. Le client bĂ©nĂ©ficie d’un « guichet unique » offert par un groupe d’avocats chargĂ©s de combler des besoins donnĂ©s, tant au niveau des spĂ©cialitĂ©s que des taux de facturation.

Les Ă©quipes reprĂ©sentent un effort collectif afin d’accroĂ®tre les revenus dans le cadre d’un modèle de rĂ©munĂ©ration qui repose sur la rĂ©ussite de l’organisation. La rĂ©munĂ©ration est fondĂ©e sur ce qui est produitpour l’organisation – et non pas pour une seule personne – parce que les revenus de l’organisation sont maximisĂ©s, de mĂŞme que les profits, desquels dĂ©pend la survie. En affaire comme dans la vie, quand la marĂ©e est haute, tous les bateaux flottent.

Ed Poll est dirigeant de LawBiz Management. Il enseigne aux avocats la façon de rĂ©aliser davantage de profits tout en diminuant leur niveau de stress; il a crĂ©Ă© le nouveau programme d’encadrementLife After Law qui permet aux avocats de prĂ©voir une sortie rentable. On peut le joindre au 800 837-5880 et Ă  edpoll@lawbiz.com. Voir le site www.lawbiz.com.