Le 1er août est le Jour de l’émancipation, une journée dédiée à la réflexion sur l’histoire de l’esclavage au Canada et à ses effets qui perdurent jusqu’à nos jours. En ce jour, il y a 186 ans, la loi du Parlement britannique intitulée Slavery Abolition Act, est entrée officiellement en vigueur pour abolir l’esclavage dans la plus grande partie de l’Empire britannique, y compris au Canada. Des décennies avant cela, le Haut Canada (l’Ontario d’aujourd’hui) promulguait, pour la toute première fois dans l’Empire britannique, une loi contre l’esclavage. C’était en 1793.
Nombreux sont les Canadiens et les Canadiennes qui pensent que l’esclavage est un trait de l’histoire américaine, pas de la nôtre. D’autres ne connaissent que le rôle joué par le Canada en tant que refuge pour les esclaves américains qui s’échappaient grâce au chemin de fer clandestin. Ce n’est qu’une composante de ce qui s’est passé. Il y a eu des esclaves noirs et autochtones dans le Canada colonial pendant des siècles.
C’est la résistance des esclaves eux-mêmes et le travail du mouvement abolitionniste qui ont mis un terme à l’esclavage au Canada. À titre d’exemple, c’est la résistance d’une esclave noire, Chloe Cooley, qui a inspiré la Loi visant à restreindre l’esclavage dans le Haut-Canada de 1793.
Pour parvenir à une véritable réconciliation, il nous incombe à tous et toutes d’en apprendre davantage sur l’histoire de l’esclavage au Canada et de comprendre ses liens avec le racisme systémique vécu aujourd’hui par les personnes noires et les Autochtones. J’invite tous les juristes à réfléchir à la manière dont la loi se faisait complice du maintien de l’esclavage et à penser sans préjugés au legs de l’esclavage qui perdure encore dans nos systèmes juridiques, économiques et sociaux. En notre qualité de juristes, nous savons mieux que tout autre groupe de professionnels que le droit peut être utilisé pour faire le bien ou pour faire le mal. Nous devons brandir le droit comme une arme pour combattre le racisme au sein de notre profession et pour bâtir une société plus solide et plus unie.
Vivene Salmon
Présidente de l’ABC