Pleins feux sur l’AGA 2019

Cette année, la venue du nouveau ministre de la Justice a été le clou de l’Assemblée générale de l’ABC qui a eu lieu à Ottawa le 11 février.

Présentant David Lametti, le président de l’ABC, Ray Adlington, a reconnu que le député de Montréal vivait une sorte de baptême du feu à peine un mois après avoir pris ses fonctions.

« Le ministre pensait peut-être jouir d’une plus longue période de grâce avant de se retrouver sous le feu des projecteurs », a dit le président de l’ABC. « Nous avons tous lu les nouvelles, mais aucun de nous n’est en mesure de savoir tout ce qui s’est passé derrière les portes fermées du gouvernement ces derniers mois. L’ensemble des membres de l’ABC connaissent cependant l’importance de la présence des juristes pour porter conseil au moment de prendre de grandes décisions. Le secret professionnel de l’avocat et l’indépendance de la poursuite sont deux piliers du système de justice pénale au Canada. Notre vigilance assurera leur pérennité. »

Ayant déclaré ne pas souhaiter s’exprimer sur le sujet brûlant de SNC-Lavalin, le ministre Lametti a cependant affirmé qu’« il importe de se souvenir que malgré le fait qu’il y a une certaine distance entre le Procureur général et ses collègues du Cabinet, il n’en est cependant pas totalement coupé. Il y a une ligne qui ne peut être franchie », et dire au Procureur général ce qu’il devrait décider constituerait une ingérence.

Le ministre Lametti dit avoir envers l’ABC une « dette de reconnaissance personnelle » puisque le fait de remporter le prix Vicomte-Bennett en 1991 lui a permis d’étudier à l’Université d’Oxford, a-t-il affirmé devant le public réuni dans une salle du Centre national des Arts, non loin du nouvel emplacement des bureaux de l’ABC au centre-ville d’Ottawa. « Mes plus sincères remerciements. »

Son gouvernement, dit-il, a « gouverné d’une manière progressiste et tournée vers l'avenir aussi bien qu’ouverte au changement transformationnel », promulguant des lois qui incarnent les valeurs canadiennes, comme la création d’un cadre pour l’aide à mourir, la légalisation du cannabis, la protection de l’identité et de l’expression de genre. D’autres textes législatifs sont en cours d’élaboration, comme les propositions de modifications de la Loi sur le divorce.

Il a en outre souligné que son gouvernement a nommé plus de 260 juges depuis 2015, dont 55 % sont des femmes, illustrant son intention que la magistrature canadienne reflète la diversité de la population du pays.

Il a mentionné les réalisations de l’ancienne ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, concernant l’amélioration des relations avec les peuples autochtones.

« La surreprésentation des Autochtones dans le système judiciaire est une source de honte nationale », a-t-il dit. Dans le cadre de l’exercice de ses fonctions, il « transformera l’expérience des Autochtones face au système de justice pénale ».

Près de 300 personnes ont assisté à la réunion, soit sur place à Ottawa, soit à partir des 29 points de rencontre répartis dans tout le pays. D’autres ont même écouté les débats sur leur lieu de travail où ils pouvaient voter sur les résolutions sans toutefois pouvoir participer à la discussion.

Trois résolutions ont été discutées, à savoir une définition de la diversité (article disponible uniquement en anglais) devant être incorporée dans les règlements administratifs, la divulgation des données de non-condamnation et la nécessité de protéger la recherche sur le droit de la famille (article disponible uniquement en anglais). Aucune modification n’a été proposée et les résolutions ont été adoptées sans débat.

Ray Adlington devait présenter un rapport du Conseil d’administration, mais soulignant qu’il présente régulièrement des rapports sur les activités du CA sur sa page Dépêches du président, il a mis ce temps à profit pour parler de l’importance de l’adhésion et de la participation aux activités de l’Association.

« Je soupçonne qu’un grand nombre d’entre vous ici, ou de vos cabinets, si ce sont eux qui achètent votre adhésion, ont eu la discussion au sujet de la valeur obtenue en contrepartie de l’argent versé et se sont posé la question de savoir si l’ABC vous offre assez pour justifier un renouvellement », a-t-il dit. « Cela ne surprendra probablement personne, mais j’affirme que oui, parce que nous fournissons une importante et précieuse formation juridique continue, nous cherchons continuellement des façons d’aider nos membres à réussir, en plus du travail que nous faisons pour améliorer le droit et appuyer le système de justice, notamment l’indépendance de la magistrature, et parce que nous constituons une voix importante et précieuse à l’échelle nationale et mondiale; une voix forte de 36 000 personnes, qui s’exprime tellement fort qu’on ne peut prétendre ne pas l’entendre. »

Par ailleurs, Nabeel Peermohamed, qui préside le Comité des Finances, a fait son rapport sur l’état des finances de l’ABC. Les membres ont voté pour nommer KPMG à titre de nouveau vérificateur.

La chef de la direction, Cheryl Farrow, a fait un exposé soulignant les façons dont l’ABC s’efforce d’attendre ses objectifs stratégiques.

Pour terminer la réunion, la vice-présidente Vivene Salmon a annoncé la victoire du membre du Conseil d’administration représentant le Manitoba, Brad Regehr, à l’élection pour le poste de vice-président. Il assumera ses fonctions en septembre.

Les activités de la semaine de l’AGA se sont poursuivies mardi avec le Forum du leadership et le Dîner du président, ainsi qu’une journée portes ouvertes dans les nouveaux bureaux de l’ABC sur la rue Slater, et une réunion du Conseil d’administration mercredi.