Comme le dit le proverbe : better late than never, c’est-Ă -dire « mieux vaut tard que jamais ».
En septembre, le gouvernement fédéral a annoncé un nouveau plan pour améliorer la capacité bilingue des cours supérieures du Canada.
En mars, RenĂ© Basque, qui prĂ©sidait alors l’ABC, a Ă©crit Ă la ministre de la Justice, Jody Wilson Raybould, et Ă MĂ©lanie Joly, la ministre du Patrimoine, pour souligner l’importance, en tant que question d’accès Ă la justice, de la capacitĂ© des juges Ă s’exprimer dans les deux langues officielles.
« L’ABC possède un engagement profond et de longue date en ce qui a trait au bilinguisme officiel dans le domaine du droit », a-t-il Ă©crit. « De plus, en tant que premier prĂ©sident acadien de l’ABC, j’accorde une importance toute particulière Ă la dualitĂ© linguistique qui constitue une valeur fondamentale se trouvant au cĹ“ur de notre identitĂ© nationale et de notre rĂ©gime juridique. »
Il a notamment souligné certaines des conclusions issues des audiences tenues par le Comité permanent des langues officielles.
- Un procès en français Ă l’extĂ©rieur du QuĂ©bec prend gĂ©nĂ©ralement plus de temps et coĂ»te plus cher, mĂŞme s’il s’agit d’une cause qui relève du droit criminel.
- Le faible taux de bilinguisme chez les juges a un impact sur le travail des juges francophones ou bilingues. SollicitĂ©s pour leurs compĂ©tences linguistiques, ces juges sont frĂ©quemment appelĂ©s Ă entendre des causes Ă l’extĂ©rieur de leur district judiciaire, ce qui occasionne des retards dans l’administration des dossiers dans leur propre district.
- Les capacitĂ©s bilingues restreintes des autres intervenants du système judiciaire, tels les greffiers et greffières, policiers et policières, posent de grands obstacles Ă l’accès Ă la justice en français.
- Il est important que le gouvernement soutienne l’implantation d’associations de juristes d’expression française dans toutes les provinces et territoires afin de contribuer Ă l’accès Ă la justice en français.
L’ABC prĂ´ne depuis longtemps une magistrature plus bilingue, particulièrement dans les cours supĂ©rieures, et l’annonce d’un plan d’action en sept points rĂ©pondra au moins Ă certaines des prĂ©occupations de l’ABC.
Aux termes du communiquĂ© de presse, le plan « comprend des stratĂ©gies visant Ă amĂ©liorer les outils qui servent Ă vĂ©rifier et Ă Ă©valuer le niveau de bilinguisme des candidats Ă la magistrature, Ă examiner la formation linguistique offerte aux membres actuels de la magistrature et Ă confirmer l’engagement de la ministre Ă tenir des consultations concertĂ©es avec les juges en chef sur les besoins linguistiques de leurs cours respectives ». « Le gouvernement se fait Ă©galement un devoir de consulter les provinces et les territoires sur les initiatives pertinentes en matière de bilinguisme. »
Le plan en sept points comporte les éléments suivants.
- Le questionnaire comprendra deux questions additionnelles auxquelles devront répondre les candidats et candidates qui se sont auto-identifiés comme ayant une capacité bilingue. En outre, on demandera aux comités consultatifs de la magistrature (CCM) de vérifier les réponses à ces questions afin d'assurer qu'elles s'alignent aux habiletés linguistiques déclarées par les candidats et candidates, et le commissaire à la magistrature fédérale (CMF) sera autorisé, et encouragé, d'effectuer des évaluations linguistiques ou des vérifications ponctuelles ou les deux.
- Le CMF sera chargé de formuler des recommandations au sujet d'un outil d'évaluation qui pourrait être mis en œuvre afin d'effectuer une évaluation objective des capacités linguistiques des candidats.
- Le CMF examinera la prestation des programmes de formation linguistique existants.
- Le CMF mettra Ă la disposition des CCM de la formation et de l'information au sujet des droits linguistiques des justiciables.
- Il sera demandé au Conseil canadien de la magistrature de développer des modules de formation sur les droits linguistiques des justiciables à l'intention des juges de nomination fédérale, qui seront offerts par l'intermédiaire de l'Institut national de la magistrature.
- Le ministère de la Justice travaillera avec les ressorts intéressés, ainsi que les cours, afin d'élaborer des moyens permettant d'évaluer la capacité bilingue existante des cours supérieures.
- Le ministère de la Justice consultera les provinces et territoires afin d'examiner les différentes façons d'évaluer les besoins des Canadiens et des Canadiennes en ce qui a trait à l'accès aux cours supérieures dans les deux langues officielles.