Je vous Ă©cris au sujet des interventions de l’ABC concernant la proposition d’abolir la mĂ©thode de comptabilitĂ© fondĂ©e sur la facturation pour les juristes. Je tiens Ă remercier ceux et celles qui nous ont fourni des exemples concrets sur les consĂ©quences que cette mesure entraĂ®nerait pour diffĂ©rents groupes de pratique ainsi que pour beaucoup de vos clients.
Depuis mon dernier message, nous avons rencontrĂ© plus d’une fois des reprĂ©sentants du ministère des Finances du Canada pour en savoir plus sur la portĂ©e et l’application de la mesure proposĂ©e, et pour leur faire part de nos sĂ©rieuses rĂ©serves quant aux points suivants :
ConsĂ©quences pour l’accès Ă la justice
Bien que nous saluons l’objectif d’Ă©quitĂ© fiscale du gouvernement, l’abolition de la comptabilitĂ© fondĂ©e sur la facturation pourrait hypothĂ©quer, en pratique, l’accès Ă la justice pour de nombreux Canadiens et Canadiennes si certaines mesures de protection ne sont pas apportĂ©es. Il va sans dire que pour l’ABC, ceci n’est pas acceptable.
Nous avons aussi expliquĂ© aux instances rencontrĂ©es que les honoraires conditionnels, les recours collectifs et les autres types d’ententes de paiement diffĂ©rĂ© amĂ©liorent grandement l’accès Ă la justice pour certaines victimes. C’est une pratique qui leur assure un accès Ă des ressources qu’elles n’auraient pas autrement les moyens de se payer pour faire valoir leurs droits. Si cette mesure entrait en vigueur, les avocats et les avocates pourraient ĂŞtre imposĂ©s sur des revenus qu’ils ne toucheront qu’au bout de plusieurs annĂ©es, s’ils les touchent. Pour un grand nombre d’entre eux, il deviendrait Ă peu près impossible d’accepter le mandat de certains clients. Ce nouveau rĂ©gime pourrait torpiller la pratique de plus d’un juriste, surtout ceux qui s’occupent d’affaires de lĂ©sion corporelle, de protection du consommateur, de faute mĂ©dicale, de droit de la famille, de droit successoral, ou d’enjeux collectifs des Premières Nations.
Questions en suspens sur la façon d’Ă©valuer un travail en cours
Nous avons demandé au ministère des Finances de nous éclairer sur les points suivants :
- Quels types d’ententes de paiement diffĂ©rĂ© – honoraires conditionnels, recours collectifs ou autres – seraient exclus de la comptabilisation des travaux en cours?
- Quels seront les Ă©lĂ©ments comptĂ©s dans le « coĂ»t » des travaux en cours?
- Le travail des associĂ©s ou propriĂ©taires sera-t-il exclu du « coĂ»t » des travaux en cours?
- Pourrait-on prolonger la pĂ©riode de transition pour l’entrĂ©e en vigueur, fixĂ©e Ă deux ans dans l’actuelle proposition?
Les femmes, principales victimes
Nous avons Ă©galement fait observer que la mesure proposĂ©e a de fortes chances de frapper les femmes dans une mesure disproportionnĂ©e. Vu l’Ă©cart entre les revenus des deux sexes, il est juste d’affirmer que, dans le contexte canadien, les personnes aux moyens modestes sont surtout des femmes.
Prochaines Ă©tapes
Dans le cadre de nos discussions, le ministère nous a demandĂ© de produire un mĂ©moire, ce que nous sommes en cours de dĂ©velopper par l’entremise du ComitĂ© mixte sur la fiscalitĂ© de l'ABC et des Comptables professionnels agrĂ©Ă©s du Canada. Puisque celui-ci se penchera sur les enjeux connexes aux professions visĂ©es par la mesure contenue dans le Budget, l’ABC en rĂ©digera un autre exposant les rĂ©percussions prĂ©cises sur les juristes et nos clients. Les prochaines Ă©tapes seront planifiĂ©es une fois que ces documents auront Ă©tĂ© fournis.
Il importe de rappeler que la première Loi d’exĂ©cution du budget, dĂ©posĂ©e le 7 avril, ne contenait aucune mention de la mesure en question. Cela nous laisse plus de temps pour influencer la proposition dĂ©finitive puisque le second projet de loi est attendu pour l’automne.
Entre temps, nous vous invitons Ă continuer de nous faire parvenir vos commentaires sur l’incidence que cette mesure pourrait avoir sur vous et vos clients. Nous aurons Ă nous appuyer sur des exemples concrets afin d’Ă©tayer les rĂ©percussions possibles de cette mesure.
Je continuerai de vous tenir au courant de l’Ă©volution du dossier.
René J. Basque, c.r.