ADSG
Intervieweur : Vous écoutez Juriste branchée, présentée par l'Association du Barreau canadien. Bonjour et bienvenue, je m'appelle Julia Tétreault-Provencher. Aujourd'hui, nous parlons de l'Alliance sur la diversité sexuelle et de genre, l'ADSG, qui répond aux besoins et aux préoccupations des personnes de la communauté LGBTIQ2+, de l'Association du Barreau canadien.
Nos invités aujourd'hui sont : Karl Boulanger, sociétaire chez Torys à Montréal. Il travaille en litige civile et commercial, avec une pratique axée sur les actions collectives et a une formation en technique policiÚre. Karl a siégé quatre ans au Conseil d'administration de la Fierté Montréal. Il est coprésident de la section ADSG, auparavant CORIS, la Conférence sur l'orientation et l'identité sexuelle, de l'Association du Barreau canadien, Division du Québec.
Frédérique Drainville, sociétaire chez McCarthy, dans l'immeuble juste en face de Karl. Elle travaille en droits de la restructuration, de la faillite et de l'insolvabilité et le droit bancaire. Frédérique est membre du comité exécutif de la section de droits, faillite et insolvabilité de l'Association du Barreau canadien, Division du Québec, et membre du comité organisateur de la Turnaround Management Association, NextGen, une organisation regroupant la nouvelle génération de professionnels en redressement et restructuration d'entreprises. Elle préside le groupe d'action pour la Fierté au Bureau de Montréal et agit réguliÚrement pour des organismes sans but lucratif dans le cadre de mandats pro bono. Elle est également coprésidente de la section ADSG de l'Association du Barreau canadien, Division du Québec. Tous deux de jeunes professionnels à garder sous notre radar. Voici ma conversation avec Frédérique et Karl.
Donc, on aimerait savoir un peu, avant, est-ce que vous pouvez nous faire un bref Ă©tat des lieux au Canada, aux Ătats-Unis et dans le monde. Donc, comment ça se passe un peu. Des fois, certaines personnes nous demandent s'il y a un recul, donc, un petit rĂ©sumĂ© de ça, s'il vous plaĂźt.
Karl : Oui, absolument. Je peux dĂ©buter. On a cette idĂ©e-lĂ que, comme on se situe au Canada, qui est un Ă©tat de droit, que tout va bien. Malheureusement, ce n'est pas le cas. On remarque dans les derniĂšres annĂ©es et les derniers mois de nombreux reculs pour les droits des personnes trans, non binaires et de la diversitĂ© sexuelle et de genre de façon plus large. On peut penser Ă diverses provinces qui adoptent en ce moment des politiques afin de limiter la façon dont les personnes trans et non binaires peuvent s'identifier. On peut penser Ă certains projets de loi, mĂȘme ici au QuĂ©bec, qui briment les droits de certaines personnes, ou de parents, en fait, aussi, dĂšs qu'ils sont dans les familles pluriparentales. On peut penser Ă un parti fĂ©dĂ©ral qui a adoptĂ© rĂ©cemment lors de son congrĂšs national une politique qui vise Ă limiter la façon dont peuvent s'identifier les personnes trans et non binaires. Donc, au Canada, ça ne va pas super bien. Je pense que ça s'inspire des Ătats-Unis, mais il y a aussi un mouvement en Europe, comme on le disait.
FrĂ©dĂ©rique : En fait, moi, ce que j'allais dire, c'est un peu moins alarmiste que Karl. Ăa commence bien, les divergences d’opinions. Mais, effectivement, tout ne va pas aussi bien qu'on le croit au Canada, mais on est quand mĂȘme choyĂ©s comme pays, parce que, justement, il y a quand mĂȘme de l'avancement. En ce moment, pendant qu’on milite pour les familles pluriparentales, dans d'autres pays, ce ne serait mĂȘme pas une question qui pourrait se poser. Je pense notamment Ă l'Italie dont on a beaucoup entendu parler dans les derniers mois. L'Italie, c'est un pays qui n'est pas autant progressiste que le Canada. Je pense que les mariages, le mariage LGBT a Ă©tĂ© permis en 2016, donc ça ne fait vraiment pas longtemps. Et puis lĂ , il y a beaucoup de bruit Ă l'effet que les couples homoparentaux se font brimer leurs droits, puisque la premiĂšre ministre qui a Ă©tĂ© Ă©lue, je pense que ce n'Ă©tait mĂȘme pas un an, elle a dĂ©cidĂ© d'empĂȘcher, en fait, de retirer le droit de la mĂšre non biologique dans le cas d'un couple lesbien ou le pĂšre non biologique dans le cas d'un couple gai, de retirer l'affiliation. Ce que ça veut dire, par exemple, c'est que s'il y avait deux mĂšres sur le certificat de naissance, donc la mĂšre non biologique s'est fait appeler dans les derniers mois au cours de l'Ă©tĂ©. Ăa veut dire : eh bien, tu es retirĂ©e de l'acte de naissance, tu n'as plus d'autoritĂ© parentale.
Mais dans le contexte, c'est parce qu'en Italie, ce n'est pas permis aux couples gais d'avoir accĂšs Ă la [transitĂ© 00: 04: 54]. Donc, qu'est-ce qu’ils faisaient, c'est qu'ils allaient Ă l'Ă©tranger et puis il revenait en Italie et puis aprĂšs ça, c'Ă©tait possible de se faire reconnaĂźtre comme les deux parents. Donc lĂ , elle, elle enlĂšve ce droit-lĂ . Donc, il y a pire ailleurs.
Karl : Absolument.
FrĂ©dĂ©rique : Mais effectivement, ce qui se passe au Canada, c'est quand mĂȘme troublant. Je pense que ce qui se passe ailleurs, ça nous rappelle aussi qu'il faut ĂȘtre prudent parce que ça peut changer hyper rapidement.
Karl : Oui.
FrĂ©dĂ©rique : Aux Ătats-Unis d'ailleurs, je pense que tu as regardĂ© un peu la question de ce qui se passe aux Ătats-Unis et les changements lĂ©gislatifs qu'on voit depuis la derniĂšre annĂ©e, deux ans.
Karl : Oui, absolument, mais il y a des mesures qui sont adoptĂ©es un peu partout dans divers Ă©tats assez limitĂ©s. Que ce soit l'Ă©ducation qui est faite dans les Ă©coles et c’est un dĂ©bat. On est au QuĂ©bec, donc, on le voit un peu, l'inspiration amĂ©ricaine, malheureusement, s'amĂšne au Canada. Mais comme tu le mentionnes, parce qu'Ă©videmment, je pense que c'est aussi notre rĂŽle de ne pas ĂȘtre trop alarmistes, mais c'est un beau signal d'alarme que ça pourrait malheureusement mal virer dans les prochaines annĂ©es.
Intervieweur : Oui, tout Ă fait. Toujours rester sur ses gardes, en fait. C'est sĂ»r que quand on compare, on se console. Mais effectivement, je pense que c'est aussi un signe de rester Ă l'affĂ»t. Ce qui m'amĂšne en fait Ă : qu'est-ce que vous pensez qui devrait ĂȘtre fait en ce moment. Vous avez peut-ĂȘtre mentionnĂ© un peu le gouvernement et tout, mais quelles sont les mesures qui devraient ĂȘtre prises en ce moment pour essayer d'Ă©viter qu'on se fasse prendre un peu au dĂ©tour d'un gouvernement conservateur qui changerait certaines lois ou certaines politiques, ou juste simplement en mode prĂ©vention. Donc, est-ce que vous avez certaines idĂ©es de ce qui devrait ĂȘtre fait?
Frédérique : Au niveau sociétal ou au niveau [00: 06: 33] sociétal?
Intervieweur : Les deux, sociĂ©tal plus, au niveau gouvernement, qu'est-ce qui devrait ĂȘtre fait?
Karl : Oui, je pense que d'emblĂ©e, il faut se rappeler qu'on est tous des humains. Ăa semble ĂȘtre trĂšs philosophique oĂč je me dirige, mais Ă la base, on est des ĂȘtres humains qui existent avec un dĂ©sir d'ĂȘtre reconnus, avec un dĂ©sir d'avoir des droits. Donc, de se rappeler cette rĂ©alitĂ©-lĂ permet, je pense, de limiter un peu le dĂ©bat parce que c'est difficile de s'opposer Ă l'existence de droits humains. Une fois qu'on part avec cette prĂ©misse-lĂ , c'est l'Ă©ducation, je pense. On l'a vu rĂ©cemment avec le mouvement One Million March, je pense que c'est One Million March. Donc, il y a des manifestations un peu partout au Canada afin de retirer l'Ă©ducation qui est prĂ©vue dans les Ă©coles Ă la diversitĂ© sexuelle et de genre. En fait, s'il y a une chose que je ne ferais pas, c'est retirer ça, de sensibiliser les gens aux rĂ©alitĂ©s dont l'individu peut vivre. C'est la premiĂšre façon pour moi de limiter cette discrimination-lĂ . Puis, en fait, la haine, je ne pense pas qu'on peut naĂźtre en Ă©tant une personne haineuse, on l'apprend et l'Ă©ducation est un peu un rempart à ça. Donc, au niveau sociĂ©tal, je pense que c'est la premiĂšre chose Ă faire. Maintenir et augmenter l'Ă©ducation.
FrĂ©dĂ©rique : Oui, on l’apprend la haine, ou du moins, on a de la haine Ă cause qu'on ignore. Je pense que pour combattre l'ignorance, c'est l'Ă©ducation. Et lĂ , on rentre dans le vif d'un dĂ©bat actuel, notamment au QuĂ©bec et partout au Canada. Mais c'est ça, pour combattre l'ignorance, il faut s'Ă©duquer et Ă©duquer. AprĂšs ça, on pourra avoir un dĂ©bat Ă savoir quand est-ce que ça va commencer, Ă quel Ăąge et sous quelle forme. C'est essentiel que l’on continue Ă s'Ă©duquer comme sociĂ©tĂ©. Et c'est quand mĂȘme troublant de voir qu'il y a beaucoup d'opposition Ă cette Ă©ducation-lĂ .
Karl : Oui, et je pense qu'il faut arrĂȘter de voir… le discours qui vient de ces opposants-lĂ Ă l'Ă©ducation, en fait, c'est l'idĂ©e qu'on va convertir, ou en anglais, on utilise les termes «grooming». On a tous eu des cours, c'est peut-ĂȘtre retirĂ© maintenant, mais d'Ă©thique culturelle et religieuse ou de morale. Je ne me suis pas converti au protestantisme pour autant. Donc, sensibiliser aux rĂ©alitĂ©s des gens n'est pas un vecteur de conversion. Cette part-lĂ , il faut qu'elle soit retirĂ©e. Et il faut arrĂȘter de penser aussi qu'on a le fameux gay agenda. On n'est pas en mode recrutement, il n'y a plus de place dans les rangs, ça ne va pas. La communautĂ© est jammĂ©e. On a besoin de services et de droits, on ne recrute personne. AprĂšs ça, il faut comprendre les rĂ©alitĂ©s des autres.
FrĂ©dĂ©rique : C'est tellement un sujet personnel, l'identitaire [transition 00: 09: 05] de genre, que vraiment, c'est lĂ que ça dĂ©montre l'ignorance des gens, les craintes non rationnelles du tout. C'est tellement personnel, il n'y a personne, Ă cause de l'Ă©ducation, qui va du jour au lendemain se rĂ©veiller en se disant «Ah, bien moi, je vais changer de sexe parce que j'ai appris que certaines personnes au QuĂ©bec ont la possibilitĂ© de changer de sexe et ont un droit de protĂ©ger en vertu de la charte.» Tu sais, c'est un peu aberrant et c'est troublant.
Karl : Oui. C'est de se rappeler que les parents vont dire : on est les mieux placĂ©s pour savoir ce qui est bon pour nos enfants. C'est comme moi, je ne conduis pas de camion. Je ne peux pas enseigner Ă personne Ă conduire un camion. Je me vois un peu de la mĂȘme façon. Si je ne suis pas Ă©duquĂ© pour Ă©duquer les gens sur la diversitĂ© sexuelle et de genre, je ne pourrais pas Ă©duquer mes propres enfants sur cette question-lĂ .
Frédérique : Tu parles d'un gros camion, là .
Karl : Ah oui!
FrĂ©dĂ©rique : On n’a pas le droit de conduire un gros camion.
Karl : Je ne peux pas conduire un 18-roues, je ne suis pas équipé. Bref, pour revenir à la question, (on va lùcher le 18-roues).
FrĂ©dĂ©rique : Il me semble que je te vois avec un 18-roues, ça pourrait ĂȘtre un style.
Karl : Ăa pourrait ĂȘtre un style. Avec du Lady Gaga dans le tapis, Beyonce et tout. De se rappeler que l'Ă©ducation est la clĂ© de tout. Il faut dĂ©buter par ça, absolument.
Intervieweur : Oui, merci. MĂȘme quand vous en parlez, ce qui me trouble, c'est l'Ă©ducation, on fait juste dire que tout le monde a des droits. AprĂšs, c'est ça la base. Ăa n'a pas besoin de commencer... en fait, ça doit commencer au plus jeune Ăąge. Des fois, j'ai l'impression... moi, je travaille en droits humains aussi principalement. Je travaille aussi sur la diversitĂ© sexuelle et de genre. Je pense que des fois, le discours, c'est comme si on oublie que quand on parle des droits des personnes de la diversitĂ© sexuelle et de genre, par exemple, c'est comme si on les mettait dans une espĂšce de truc Ă part. Tandis que ben non, c'est juste les droits humains. Ces personnes-lĂ ont des droits humains, comme tout le monde, et les mĂȘmes droits que tout un chacun.
Karl : Absolument.
Intervieweur : C'est juste l'Ă©ducation, c'est juste de dire ça au final. C'est super intĂ©ressant. Ce qui nous amĂšne aussi, donc on a posĂ© la question sociĂ©tale. Vous ĂȘtes des avocats et avocates, au niveau juridique, comment est-ce que vous pensez que l'ABC peut amĂ©liorer… l'ABC et aussi le Barreau du QuĂ©bec, peut amĂ©liorer l'accĂšs Ă la justice, l'inclusion pour tous, en particulier pour les personnes trans non binaires et plus gĂ©nĂ©ralement de la diversitĂ© sexuelle et de genre? Donc en fait, finalement, selon vous, oĂč devrait ĂȘtre mis le focus en ce moment pour favoriser l'accĂšs Ă la justice? Tu sais quand tu as dit : on a besoin de services en ce moment, on est shutdown. J'aimerais ça vous entendre lĂ -dessus un peu.
FrĂ©dĂ©rique : Je peux rĂ©pondre de façon plus gĂ©nĂ©rale. Peut-ĂȘtre que Karl pourra en parler de façon plus prĂ©cise. Je pense que le systĂšme juridique, c'est un peu le dernier filet pour s'assurer que les droits soient respectĂ©s dans une sociĂ©tĂ©. Le systĂšme juridique est composĂ© d'avocats et de juges qui sont des humains et qui viennent avec leur propre background et leurs propres expĂ©riences. Je pense que c'est trĂšs important que notre communautĂ© continue d'ĂȘtre sensibilisĂ©e Ă ces enjeux-lĂ pour ne pas qu'il y arrive des dĂ©rives par la suite. C'est nous qui sommes, dans certains aspects, les gardiens de ces droits-lĂ . Notre section, une des missions, c'est d'assurer que les avocats soient sensibilisĂ©s et qu'ils aient les connaissances nĂ©cessaires pour protĂ©ger notre systĂšme juridique et les droits des personnes issues des communautĂ©s.
Karl : Plus prĂ©cisĂ©ment, je vois deux enjeux. Il y a une prise de position qui doit ĂȘtre faite, une prise de parole. Quand il y a des projets de loi, des mesures lĂ©gislatives qui sont sur le point d'ĂȘtre adoptĂ©es, qui sont discriminatoires, je pense que le Barreau du QuĂ©bec, l'ABC, qui le fait dĂ©jĂ par ailleurs, doit continuer de prendre publiquement position afin de dĂ©noncer ces mesures-lĂ . Et plus intraprofession, je pense qu'il y a besoin de reprĂ©sentativitĂ© aussi. Le comitĂ© consultatif pour les personnes trans et non binaires qui a Ă©tĂ© crĂ©Ă© dans le cadre du mandat de Steeve Bujold Ă la prĂ©sidence de l'ABC, fait Ă©cho d'un rapport sur les personnes trans et non binaires dans la profession et dans la justice plus largement.
Ce sont des personnes qui sont surreprésentées dans la justice parce que ces personnes-là ont besoin de droits, ont besoin de faire des démarches afin d'acquérir des droits. Et pour faire écho à ça, je pense qu'il y a besoin d'avoir une représentativité autant dans la profession que dans différents organes législatifs. C'est un peu comme tout. Pour pouvoir aspirer à certains modÚles. Je vois cet aspect-là un peu plus d'advocate, mais il y a aussi un devoir de représentativité, je pense, pour montrer que tout le monde a une place autour de la table.
FrĂ©dĂ©rique : Souvent, les gens qui ne sont pas issus de la communautĂ© se disent : ah ben lĂ , on n'a plus besoin de la FiertĂ©, on n'a plus besoin d'actions positives. C'est clair que tout le monde est Ă©gal et qu'on vous accepte. Mais quand tu es issu de la communautĂ©, c'est pas aussi clair. Il y a plein de personnes qui ont encore beaucoup de difficultĂ©s Ă s'accepter et Ă ĂȘtre ouvertes sur qui ils sont et dans leur milieu professionnel. Souvent, les gens oublient ça, c'est facile quand [00: 14: 03] et quand c'est pas un enjeu pour toi. Mais quand c'est un enjeu pour toi, c'est pas toujours facile, mĂȘme si on a l'air d'ĂȘtre dans une sociĂ©tĂ© ouverte.
Karl : Je pense aussi que ça dĂ©coule de cette notion de privilĂšge avec laquelle je ne suis pas encore Ă l'aise parce que j'ai la difficultĂ© Ă dĂ©terminer ce qui est un privilĂšge et ce qui ne l'est pas. Je suis un homme gai, un homme blanc gai, donc je me considĂšre trĂšs privilĂ©giĂ©. Mais ce n'est pas parce que moi, je suis confortable dans ma situation que je peux l'appliquer Ă tout le monde. On peut penser Ă , si on a des collĂšgues homosexuels qui viennent de pays oĂč la lĂ©gislation prohibite carrĂ©ment leur existence, tu ne peux pas Ă©tendre les privilĂšges Ă ces gens-lĂ . Donc, il faut ĂȘtre conscient qu'on est dans une position privilĂ©giĂ©e, mais que ce n'est pas le cas pour tout le monde. Je pense que c'est ça qui est important. Les organes comme le Barreau, l’ABC QuĂ©bec, toutes les organisations doivent aussi poursuivre le travail comme tu le mentionnes. Je pense qu'on n'entendrait personne dire «Ma plante est belle, je vais arrĂȘter de l'arroser.» Je veux dire, il faut continuer de l'entretenir. C'est un peu comme ça que je voulais voir. Je fais de bonnes analogies ce matin.
Intervieweur : J'adore. Moi, je suis fan. On apprend beaucoup par tes analogies, c'est excellent. On va garder plein de belles images. Je suis en train de m’inspirer ce matin Ă 6 h 30, on aime ça. C'est bien. Merci et en vraie, ça m'amĂšne un peu aussi, on a beaucoup parlĂ© ces temps-ci, on a fait plein d'Ă©pisodes sur EDI, ĂquitĂ©, inclusion et diversitĂ©. Est-ce que vous voyez un peu beaucoup de cabinets qui commencent Ă faire ça, soit des sondages pour savoir comment les mettre en Ćuvre, d'autres le font plus ou moins. Est-ce que vos cabinets le font? Est-ce que vous avez des politiques EDI? Sinon, est-ce que vous voyez un peu au sein de votre milieu de travail comment assurer une place pour les personnes, on pourra aller plus large, oui, les personnes de la communautĂ©, mais en gĂ©nĂ©ral, pour que tout le monde se sente Ă l'aise dans les milieux de travail juridiques. Je peux vous dire aussi qu'il y a un truc qu'on parle beaucoup Ă l'ABC, c'est tout ce qui est la santĂ© mentale, le stress, etc., qui est aussi beaucoup causĂ© par parfois un sentiment de non-inclusion et de non-inclusivitĂ©, peut-ĂȘtre plus. Je voudrais peut-ĂȘtre vous entendre lĂ -dessus si vous avez vous-mĂȘme des recommandations ou des choses qui, vous trouvez, fonctionnent bien dans vos bureaux, que vous avez entendu parler.
FrĂ©dĂ©rique : Moi, c'est sĂ»r que je suis choyĂ©e. Chez McCarthy c'est un bureau qui met la diversitĂ©, beaucoup, beaucoup de l’avant, puis c'est pas juste comme une vitrine de publicitĂ©. Ă long terme, c'est vraiment sĂ©rieux, la diversitĂ©, puis il y a beaucoup d'activitĂ©s, beaucoup d'efforts. Puis quelqu'un qui n'est pas ouvert d'esprit, il n'y aura pas une longue carriĂšre chez McCarthy. Donc, c'est vraiment [ancrĂ© 00: 16: 43] dans les valeurs du bureau. Par ailleurs, je pense — je fais du coq Ă l'Ăąne, puis peut-ĂȘtre que Karl pourrait revenir Ă ta question aussi — dans les grands bureaux, c'est trĂšs prĂ©sent en ce moment. Mais il y a d'autres juristes qui ne sont pas dans les grands cabinets non plus, puis qui ont peut-ĂȘtre un peu moins d'occasions de se rassembler. Nous, c'est ce qu'on essaie de faire dans nos Ă©vĂ©nements, on essaie d'aller chercher le plus de personnes possible, le plus de juristes possible, puis pas seulement cibler les grands cabinets. J'ai l'impression que dans les derniĂšres annĂ©es, il y a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup d'Ă©vĂ©nements offerts pour les grands cabinets, il y a eu beaucoup d'aide autour de ça. Mais il y a d'autres juristes aussi qui ont moins d'occasions. Donc, nous, on essaie quand mĂȘme d'aller chercher tout le monde, puis on a eu des tĂ©moignages dans le dernier Ă©vĂ©nement qu'on a fait.
Karl : Oui, absolument.
FrĂ©dĂ©rique : Des gens qui nous ont dit «Ah, c'est vraiment chouette, [00: 17: 31]», parce que nous, dans notre profession, on n'est pas encouragĂ©s Ă aller dans des Ă©vĂ©nements, notamment parce que souvent c'est payant, puis ils ne se font pas vraiment rembourser le prix d'un Ă©vĂ©nement. C'est quand mĂȘme trĂšs cher, les Ă©vĂ©nements corpo. Donc, nous, c'est vraiment ce qu'on essaie de faire. Je ne sais pas toi, Karl.
Karl : Pareillement, je suis rendu aussi chez McCarthy, donc [00: 17: 50].
Frédérique : On a été ensemble dans notre premier cabinet ensemble chez McCarthy.
Intervieweur : C'est pour ça la belle vibe, OK.
Karl : Oui, on Ă©tait les deux sur FiertĂ© MontrĂ©al. On se suit dans les projets, mais je peux tĂ©moigner de l'engagement de McCarthy-TĂ©trault, mais je peux tĂ©moigner aussi de mon employeur Torys, qui est trĂšs impliquĂ©. Comme tu le mentionnais, c'est trendy, la diversitĂ©. Pour certaines personnes, ça peut s'apparenter Ă du pinkwashing, c'est-Ă -dire de se brander diversitĂ© dans un objectif mercantile corporatif, mais mĂȘme si c'Ă©tait ça, ce qui n'est pas le cas pour nos employeurs, ça a de bonnes retombĂ©es. On amĂšne des discussions dans les milieux corpo qu'on n'aurait pas cru possibles il y a quelques annĂ©es. Je ne suis pas dans le milieu juridique depuis 10 ans, mais je vois l'Ă©volution oĂč on a des gens plus seniors qui vont avoir de belles discussions avec nous, une belle ouverture. Le travail doit se poursuivre.
Je suis 100 % d'accord avec Fred. Il faut Ă©largir et Ă©largir ces discussions-lĂ et ne pas les concentrer dans les grands centres MontrĂ©al-QuĂ©bec, les grands centres-villes. C'est ce qu'on tente de faire avec la DSG. Comme tu le mentionnais, on a des gens qui sont venus de… je ne vais pas dire d'oĂč ils venaient, mais de l'extĂ©rieur de MontrĂ©al. J'ai failli faire du name drope des gens, mais des gens qui viennent de l'extĂ©rieur et qui disent «mon Dieu, ça fait du bien, ce travail doit se poursuivre, s'intensifier.» Je pense qu'Ă partir du moment oĂč l'EDI, ĂquitĂ©, diversitĂ© et inclusion, fait partie de la culture d'une entreprise, ça devient organique, ça devient naturel, ça ne devient pas forcĂ©. Moi, ce que je dĂ©nonçais souvent, c'est «OK, c'est la FiertĂ©, on sort des cupcakes, c'est bon, on s'en va.» Ou on envoie un courriel pour souligner qu'il y a telle fĂȘte.
Frédérique : C'est au quotidien que ça doit se faire.
Karl : C'est ça, c'est au quotidien. Ăa prend des gens et la plupart de nos employeurs le font. Le dĂ©partement qui est dĂ©diĂ© Ă la diversitĂ© et Ă l'inclusion, il y a des politiques qui sont mises en place parce qu'il faut que les employĂ©s se sentent Ă l'aise. Peu importe que j'Ă©change mon logo le 1er juin parce que c'est le mois de la FiertĂ© Ă travers le monde. Au couloir de la diversitĂ©, ce n'est pas ça qui a une importance. C'est apprĂ©ciĂ© de le faire, ça donne la visibilitĂ©, mais il faut que les gens Ă l'intĂ©rieur d'une organisation se sentent inclus, incluses. Et ensuite, le travail peut se faire Ă l'externe, donc s'impliquer dans des causes, participer au dĂ©filĂ©.
FrĂ©dĂ©rique : Je trouve qu'on a un rĂŽle Ă l'interne, les avocats qui sont plus Ă l'aise de parler de leur rĂ©alitĂ©. Un rĂŽle de mentor super important. Je pense que ça fait toute la diffĂ©rence quand tu es un jeune avocat qui rentre dans ton milieu de travail et que tu vois des personnes en autoritĂ© ou des personnes plus seniors qui sont ouvertes de parler de leur rĂ©alitĂ©, qui sont prĂȘtes Ă donner des conseils, qui sont prĂȘtes Ă t'appuyer. Ăa fait toute la diffĂ©rence. Tu sens vraiment un effet de communautĂ© qui te supporte aprĂšs dans ta carriĂšre et qui te donne envie Ă toi aussi, une fois que tu es un peu plus vieille, de t'impliquer.
Karl : Oui c'est ça.
Frédérique : Steve au bureau, c'est certain que c'est un modÚle exceptionnel de justement prendre parole, de s'impliquer. à [00: 20: 54] je suis un peu impliquée, c'est certain, mais encore moins un peu qu'aujourd'hui parce que j'ai tellement eu des modÚles d'avocats qui militent et ça m'encourage aussi à poursuivre dans cette lignée-là .
Intervieweur : J'aime ça entendre ça. Merci. FĂ©licitations aussi pour ce que vous faites. Je trouve ça super intĂ©ressant votre point, d'essayer de sortir des grands centres et de ne pas juste se focusser sur les grands cabinets. Je pense que c'est comme, on oublie des fois de nous ramener aussi Ă cette rĂ©alitĂ©-lĂ . Donc, merci. Je comprends que vous ĂȘtes les deux coprĂ©sidents, coprĂ©sidentes de la section, si je ne dis pas n'importe quoi, la section QuĂ©bec, c'est ça? De la DSG, l'Association du Parc.
Karl : Oui, l'Alliance sur la diversité sexuelle et des genres. On a changé de nom récemment, mais ça fait de beaux acronymes.
Intervieweur : Ben oui, on a parlĂ© justement avec certains de vos collĂšgues sur le changement du nom. En fait, vous Ă©tiez avant la ConfĂ©rence sur l'orientation et l'identitĂ© sexuelle. Maintenant, vous ĂȘtes l'Alliance sur la diversitĂ© sexuelle et le genre. Donc, ce que je comprends maintenant, vous ĂȘtes une alliance. Une question qui est quand mĂȘme complexe : qu'est-ce que c'est pour vous ĂȘtre un alliĂ© ou une alliĂ©e?
Karl : C'est une bonne question, on se la fait souvent poser dans les Ă©vĂ©nements par les personnes alliĂ©es qui vont nous dire qu'est-ce qu'on peut faire. Le premier conseil que je donne, c'est toujours d'amplifier les voix. C’est trĂšs philosophique, mais je pense que c'est d'ĂȘtre lĂ pour les personnes qu'on veut supporter. Lorsque ces personnes-lĂ ont des messages Ă vĂ©hiculer, je pense que c'est de les repartager, de les amplifier. Moi, c'est l'image de : je passe le micro Ă la personne appropriĂ©e. Si je vais dans un Ă©vĂ©nement oĂč il y a une personne trans qui est avec moi, qu'on me pose des questions sur les personnes trans, en tant qu'alliĂ©, je vais dire : «Ă©coutez, il y a une personne qui est mieux outillĂ©e que moi pour rĂ©pondre Ă ces questions-lĂ .»
Donc, moi, le premier conseil, c'est d'amplifier les voix et d'ĂȘtre lĂ pour nous, de stand-up.
FrĂ©dĂ©rique : Je pense qu'on sous-estime le rĂŽle des alliĂ©s. Si tout le monde Ă©tait des alliĂ©s, on n'aurait plus de problĂšme. Dans les milieux conventionnels aussi, les alliĂ©s ont quand mĂȘme un grand rĂŽle de nous supporter et d'encourager nos initiatives. J'ai fait un Ă©vĂ©nement avec mon bureau justement pour la FiertĂ©. Il y avait plein d'alliĂ©s qui Ă©taient lĂ , peut-ĂȘtre mĂȘme autant que des personnes des diffĂ©rentes communautĂ©s. C'Ă©tait vraiment chouette comme Ă©vĂ©nement. C'Ă©tait super festif. Tout le monde Ă©tait trĂšs heureux. AprĂšs ça, quand tout le monde est rassemblĂ©, c'est difficile aprĂšs ça. Ăa crĂ©e un milieu de travail encore plus inclusif parce que tout le monde est rassemblĂ© ensemble. On sent l'Ă©coute de nos collĂšgues, eux se sentent impliquĂ©s aussi parce qu'ils partagent avec nous des Ă©vĂ©nements, on discute. Je pense qu'il ne faut vraiment pas sous-estimer le rĂŽle des alliĂ©s.
Karl : L'importance aussi des alliés, c'est que ces gens-là ont des réseaux et ça leur permet, lorsqu'on est dans des discussions avec ces alliés-là , d'aussi aller répandre le message.
Frédérique : Répandre à la bonne nouvelle.
Karl : RĂ©pondre Ă la bonne nouvelle, donner des cartes de recrutement Ă tout le monde. Mais d'eux-mĂȘmes dire «Ăcoute, je ne sais pas. J'avais tel prĂ©jugĂ©. Je suis allĂ© Ă©couter FrĂ©dĂ©rique Drainville faire une allocution. Finalement, je rĂ©alise que oui, on peut faire ça, on peut faire ça.» Donc, ce travail-lĂ est ultra-important. Oui, vas-y.
Français J'allais dire, c'est plate Ă dire, mais un gars straight, blanc, d'un certain Ăąge, je prends la caricature, s'il va voir un show de drag, il trouve ça vraiment cool, il revient au bureau, il parle Ă ses amis blancs d'un certain Ăąge, hĂ©tĂ©ros, il dit «Eille, c'Ă©tait vraiment cool le show de drag. J'ai vraiment ri. Elles Ă©taient super bonnes.» Peut-ĂȘtre que ça peut changer la mentalitĂ© plus que si moi, FrĂ©dĂ©rique Drainville, qui est clairement impliquĂ©e dans la communautĂ©, dit «Eille, c'Ă©tait vraiment beau le show de drag.» Peut-ĂȘtre que lĂ : «on le sait, toi Fred que tu aimes ça ce genre d'affaires lĂ .» Malheureusement, c'est la rĂ©alitĂ©. Je pense que ça peut avoir une influence plus grosse que nous-mĂȘmes et sur la communautĂ©.
Karl : 100 %.
Intervieweur : Oui, donc ne pas se gĂȘner en fait, ça aussi c'est intĂ©ressant, ne pas se gĂȘner en tant qu'alliĂ©. Je pense que des fois, il y a des gens qui ont un malaise aussi. Ils sont genre «On ne veut pas prendre la place.» Je pense aussi qu'il y a un cĂŽtĂ© de s'Ă©duquer aussi comme alliĂ©. Tu penses que c'est pas non plus aux personnes tout le temps de la diversitĂ© sexuelle et du genre d'Ă©duquer les autres.
Karl : Oui.
Intervieweur : C'est souvent un truc qui revient de dire «Oh ben, va lire un peu aussi toi. Va lire lĂ -dessus et reviens-moi.»
Frédérique : Oui, il y a une différence, une différence entre un allié qui n'est pas sur la communauté qui va prendre la parole publiquement pour expliquer les enjeux et un allié qui participe aux événements et qui encourage la cause. Je pense que c'est ça la distinction.
Karl : Oui, c'est une distinction importante, ça vient amplifier les voix. Moi, je ne peux pas parler de rĂ©alitĂ©s que je ne connais pas. Je peux dire globalement «Voici l'Ă©tat des lieux», mais aprĂšs ça, c'est important de donner la parole Ă ces personnes-lĂ . Le travail des alliĂ©s, je pense, est de plus en plus,les gens prennent conscience de l'impact qu'ils ont. Il faut juste que ça continue dans cette voie-lĂ .
Intervieweur : Vous avez aussi beaucoup parlĂ©, je vous pose deux questions de suite, de «Qu'est-ce qui est pour vous?» Mais vous avez aussi quand mĂȘme mentionnĂ© une couple de fois, Ă date, la FiertĂ©. Je sais aussi que vous vous ĂȘtes rencontrĂ©s, vous avez travaillĂ© ensemble dans l'organisation des fĂȘtes de la FiertĂ©. Alors, qu'est-ce que c'est pour vous, la FiertĂ©?
Karl : Belle question. Ă la base, la FiertĂ© — puis c'est un slogan qu'on voit souvent dans le milieu — une fiertĂ©, c'est politique. Donc oui, c'est une belle cĂ©lĂ©bration. Dans la plupart des Ă©vĂ©nements, il y a un dĂ©filĂ©, il y a un show de drag, mais Ă la base, je pense que c'est de se rappeler que la FiertĂ© a dĂ©butĂ© dans le combat, dans la revendication, puis que c'est l'essence mĂȘme de la FiertĂ©, surtout en ce moment. Et pas pour ĂȘtre alarmiste, mais on est dans une situation qui n'est pas agrĂ©able, il y a des droits qui peuvent ĂȘtre compromis. C'est de se rappeler que le combat n'est jamais terminĂ©, qu'il faut le maintenir. J'ajouterais aussi que la FiertĂ©, lorsqu'elle se dĂ©roule bien dans certains pays, bien c'est de se rappeler qu'on cĂ©lĂšbre, qu'on revendique aussi pour les gens qui ne peuvent pas le faire.
Donc Ă MontrĂ©al, je veux dire, on va jammer le centre-ville pendant une journĂ©e complĂšte pour faire un dĂ©filĂ©. Dans d'autres pays, c'est mĂȘme pas possible de penser s'afficher. Donc c'est tout un mĂ©lange de cĂ©lĂ©bration, revendication, politique, il y a un devoir de mĂ©moire qui vient avec ça aussi, c'est de se rappeler les combats du passĂ© afin d'Ă©viter qu'on doive les affronter de nouveau. Fait que c'est un gros melting pot. C'est mes rĂ©flexions Ă chaud, je ne sais pas trop FrĂ©dĂ©rique ce que tu peux ajouter.
Frédérique : Je dirais qu'une anecdote, je pense que c'est pas un secret pour personne que le défilé de la Fierté a été annulé l'an passé. Karl et moi étions sur le conseil d'administration.
Intervieweur : Ah oui!
FrĂ©dĂ©rique : Et puis la journĂ©e de l'annulation, la nouvelle sort, on apprend ça. Et le soir, c'est quelque chose que je n'aurais pas dĂ» faire, mais je l'ai fait, je me suis assise sur mon divan Ă lire les commentaires durant une heure, les commentaires sur l'annulation, sur Instagram, sur Facebook, dans les mĂ©dias. Puis le nombre de larmes que j'ai versĂ©es Ă lire des gens qui venaient d'autres pays, qui avaient voyagĂ© pour le dĂ©filĂ© de la FiertĂ©, qui s’Ă©taient rendus Ă MontrĂ©al pour participer. Les tĂ©moignages de ces personnes-lĂ sur les mĂ©dias sociaux, c'Ă©tait : «comment ça, c'est annulĂ©? Moi j'ai voyagĂ©, je suis venue parce que dans mon pays, je n'ai pas le droit d'afficher ma fiertĂ©.» C'Ă©tait crĂšve-cĆur de lire tous ces messages-lĂ .
Pour moi, c'est ça la FiertĂ©, c'est de permettre aux gens qui n'ont pas la possibilitĂ©, dans leur quotidien, de s'Ă©panouir et de partager, que ce soit une journĂ©e, une semaine, peu importe, leur bonheur d'ĂȘtre qui ils sont avec d'autres personnes comme eux. Puis l'annĂ©e passĂ©e, l'annulation du dĂ©filĂ© a dĂ©montrĂ© Ă quel point c'Ă©tait important la FiertĂ©, notamment le dĂ©filĂ©. Mais pour la communautĂ©, puis c'est quelque chose qu'il faut continuer Ă faire annĂ©e aprĂšs annĂ©e.
Karl : Ăa tĂ©moigne des besoins de reprĂ©sentation, puis de pouvoir afficher ses couleurs. Ă la fin, qu'il y ait 14 shows de drag, qu'il y ait tous les artistes possibles au monde lors d'un Ă©vĂ©nement, je pense que ce que la communautĂ© a besoin, c'est un besoin de se sentir reprĂ©sentĂ©, Ă©coutĂ©, et de pouvoir s'afficher librement. La FiertĂ©, Ă la fin, je pense que c'est ça. C'est de dire Ă©coute : c'est mon moment Ă moi, my time to shine, puis je vais le faire librement, sans embĂ»ches. C'est ce que ça tĂ©moigne.
Intervieweur : Vous le faites encore chaque annĂ©e? Vous ĂȘtes sur le CA, c'est ça, de FiertĂ© MontrĂ©al?
Frédérique : [00: 29: 24]sur le CA cette année.
Karl : Oui bien c'est ça, moi, je suis restĂ© sur le CA, je pense, quatre ans, puis Ă un moment donnĂ©, c'est le temps de permettre aux gens de faire un autre travail. Mais avec l’ADSG, on est bien occupĂ©s, donc ça l'amĂšne de nouveau.
Intervieweur : Vous ĂȘtes coprĂ©sident, coprĂ©sidente de l’ADSG, depuis rĂ©cemment?
FrĂ©dĂ©rique : En fait, j'Ă©tais sur le comitĂ© exĂ©cutif de l’ADSG [00: 29: 51] COVID depuis quelques annĂ©es, je pourrais dire depuis peut-ĂȘtre trois ou quatre ans. Karl est coprĂ©sident depuis l'annĂ©e passĂ©e. Tu as Ă©tĂ© coprĂ©sident longtemps seul.
Karl : Oui, bien je coprésidais seul.
Frédérique : Karl était coprésident, mais il coprésidait seul.
Karl : J'avais la moitiĂ© du rĂŽle. Ouais, ça fait deux ans. Puis, tu sais, je pense que tenter d'organiser des activitĂ©s en Ăšre postpandĂ©mique a Ă©tĂ© assez difficile. Mais on l'a vu en organisant un premier Ă©vĂ©nement, qui a Ă©tĂ© un Ă©vĂ©nement de rĂ©seautage avec un panel sur la diversitĂ© dans la profession. Je pense qu'on a rĂ©uni 120-125 personnes dans les locaux de McCarthy, par ailleurs. C'est lĂ qu'on a vu qu'il y avait un besoin pour les communautĂ©s, oui, d'avoir des Ă©vĂ©nements Ă©ducatifs, mais un besoin de se regrouper et de rĂ©seauter. Ăa fait du bien. Et les alliĂ©s sont inclus aussi, l'alliĂ© inclus et incluse, c'est pas un milieu fermĂ© ou non mixte. Mais il y a ce besoin-lĂ , de pouvoir partager nos rĂ©alitĂ©s, d'entendre des gens nous raconter ce qu'ils ont vĂ©cu et de voir qu'il y a un peu de l'espoir.
Il y a le juge McKenzie qui, je m'en rappelle plus si ça joue, mais qui est le premier juge trans au Canada, mĂȘme peut-ĂȘtre mĂȘme en AmĂ©rique, peut-ĂȘtre au monde, je ne suis pas certain, mais qui...
Frédérique : C'est pas moi qui vais signer.
Karl : Qui Ă©tait Ă MontrĂ©al pour la confĂ©rence, une confĂ©rence sur les droits de [00: 01: 23] dans le but juridique et qui tĂ©moignait, en fait, de son parcours. Et encore lĂ , ça fait juste du bien, je pense, d'ĂȘtre entre nous, d'entendre des gens nous dire que : «c'est possible, les barriĂšres, on va les dĂ©foncer et je l’ai fait.» La reprĂ©sentativitĂ©, il y a un besoin de se regrouper, je pense.
FrĂ©dĂ©rique : Oui, et en fait, Karl Ă©tait co-prĂ©sident seul, donc lĂ , il m'avait soutenu pour ĂȘtre co-prĂ©sidente avec lui. Et il n'y a pas toujours beaucoup de demandes dans ces postes-lĂ , parce que c'est sĂ»r, ça prend beaucoup de temps, puis on a tous nos carriĂšres chargĂ©es. Comme j'ai quittĂ© le CA de la FiertĂ©, j'avais plus de temps, donc j'ai acceptĂ©. Puis moi, j'aime pas ça ĂȘtre front page, lĂ . J'aime ça ĂȘtre derriĂšre, faire que Karl garde le rĂŽle.
Intervieweur : Ah, c'est vrai, c'est vrai.
Karl : Ouais, ouais.
FrĂ©dĂ©rique : Puis ce qui m'a vraiment plu, justement, c'Ă©tait, comme tu dis, la reprĂ©sentativitĂ©. Puis quand on a fait notre premier Ă©vĂ©nement ensemble Ă titre de co-prĂ©sident, il y a eu tellement de personnes qui sont venues avec tellement de beaux tĂ©moignages qu'on a vraiment pensĂ© qu'il y avait un besoin. Il y a beaucoup de lieux de rassemblement et de plateformes dans la communautĂ©. Il y en a quelques-uns. Il n'y a pas juste l’ADSG, mais je pense qu'on a aussi notre rĂŽle, puis on a vu Ă quel point il y a encore beaucoup de choses qu'on peut faire pour la communautĂ©. Puis d'ailleurs, on en discute de ça, j'allais dire, on pourrait parler de notre super confĂ©rence.
Karl : Ouais, bien, je sais pas.
Intervieweur : Bien oui, allez-y. Moi, j'allais vous demander, lĂ , c'est quoi qui Ă©tait prĂ©vu pour l’ADSG, justement, Ă vous entendre un peu. Qu'est-ce que vous avez de prĂ©vu Ă long terme et Ă court terme? En fait, allez-y, c'est vraiment une bonne plateforme ici pour faire de la pub.
Frédérique : Ouais, bien ouais. Je me sens comme à la radio.
Karl : Nous, on annonce en primaire.
Frédérique : On annonce un film.
Karl : [00: 02: 59] au balado. On avait l'événement qui n'est pas annoncé encore, mais je veux dire, c'est presque canné. Fait qu'allons-y.
FrĂ©dĂ©rique : Peut-ĂȘtre pas nommĂ© les confĂ©renciers.
Karl : Non, non, c'est ça, exactement. Le 9 novembre, sur l'heure du midi, on organise une confĂ©rence qui se veut un peu du droit comparĂ© entre…
Frédérique : Le 9 ou le 8?
Karl : à confirmer. Oui, je me mélange entre les événements.
Frédérique : Ah! Je suis sûre que c'est le 1er.
Karl : Bref, en novembre. En novembre. Donc, une confĂ©rence avec des panĂ©listes, dont une panĂ©liste des Ătats-Unis, du Texas prĂ©cisĂ©ment et des avocats, avocates situĂ©s au Canada. Aussi, d'avoir ce reality check sur qu'est-ce qui se passe aux Ătats-Unis en termes de droits LGBTQ+, qu'est-ce qui se passe au Canada, quelles leçons on peut apprendre, quelles leçons on n'a pas apprises quand on organise cet Ă©vĂ©nement-lĂ , qui, va ĂȘtre virtuel afin de permettre au plus de personnes possibles d'y assister. C'est ouvert Ă tous, juristes, pas juristes, le but, c'est que tout le monde puisse apprendre de qu'est-ce qui se passe. Ăvidemment, il y a une saveur juridique, parce qu'on est avocats, avocates et qui va ĂȘtre offert en anglais.
Donc, cet Ă©vĂ©nement-lĂ arrive. Je ne sais pas si vous voulez en ajouter sur…
FrĂ©dĂ©rique : Non, mais je pense que c'est juste notre but. On voit beaucoup de choses dans les mĂ©dias en ce moment sur qu'est-ce qui se passe aux Ătats-Unis. C'est trĂšs alarmant. Puis, on est avocat, on veut en savoir plus. Donc, on a invitĂ© quelqu'un des Ătats-Unis, spĂ©cialisĂ© dans le domaine, qui va vraiment nous dire concrĂštement qu'est-ce qui se passe aux Ătats-Unis. Ăa va ĂȘtre…
Karl : Et d'avoir son homologue canadien. Oui c'est ça. Deux personnes qui Ćuvrent dans le domaine des droits humains, qui sont activement impliquĂ©es dans des contestations de mesures lĂ©gislatives discriminatoires. Donc, avoir cette dualitĂ©-lĂ , pas cette dualitĂ©-lĂ , mais cette complĂ©mentaritĂ©-lĂ , ça va ĂȘtre trĂšs agrĂ©able. Donc, il y a cet Ă©vĂ©nement-lĂ . Il faut dire qu'avec nos horaires chargĂ©s, on a de la difficultĂ© Ă voir le long terme. Puis, on y va davantage au : qu'est-ce qui se passe en ce moment, c'est quoi le besoin. Donc, pour l'instant, on y va avec ça. Ăvidemment, il va y avoir d'autres Ă©vĂ©nements sociaux. On reste Ă l'affĂ»t aussi. Puis lĂ , le but Ă©videmment, c'est pas d’ĂȘtre politique, mais tout le dĂ©bat de l'Ă©ducation qu'on fait dans les Ă©coles a apportĂ© une rĂ©ponse, ou a amenĂ© une rĂ©ponse du gouvernement et des diffĂ©rents partis politiques. Puis bon, il y a un comitĂ© de sages, whatever that means, qui va ĂȘtre mis en place. Il va y avoir des travaux parlementaires qui vont dĂ©couler. Donc, l’ADSG a un peu cette idĂ©e-lĂ d'ĂȘtre… j'ai toujours le terme anglais «advocate».
Intervieweur : Faire du plaidoyer.
Karl : Oui, d'ĂȘtre impliquĂ©. Puis, s'il y a des reprĂ©sentations Ă faire, des prises d'opposition, de le faire. On l'avait fait pour le projet de Loi numĂ©ro 2, il y a un ou deux ans. C'est une rĂ©forme du droit familial qui touchait nos communautĂ©s. Donc, je pense que ça, ça risque de nous tenir occupĂ©s parce que moi, ce comitĂ© de sages lĂ , j'ai hĂąte d'en voir la composition. J'ai hĂąte de voir quelles questions vont leur ĂȘtre posĂ©es. Donc, je pense qu'il va falloir rester Ă l'affĂ»t. Ăvidemment, on reste Ă l'Ă©coute de nos communautĂ©s, si les gens ont besoin de reprĂ©sentativitĂ©, on va ĂȘtre lĂ .
FrĂ©dĂ©rique : Puis, l'an prochain, il y aura des litiges, au fond, qui vont avoir lieu sur les droits de famille pluriparentale. Donc, c'est sĂ»r qu'il va y avoir beaucoup de discussions et d'Ă©ducation Ă faire Ă ce niveau-lĂ , l'annĂ©e prochaine. Donc, c'est sĂ»r que ça va ĂȘtre dans notre agenda…
Karl : Ăa va ĂȘtre occupĂ©.
FrĂ©dĂ©rique : Ăa va ĂȘtre occupĂ©.
Karl : On est occupés.
Intervieweur : Vous ĂȘtes bien occupĂ©s. Vous ĂȘtes bien occupĂ©s. C'est pour ça qu'on a trouvĂ© un petit moment juste avant votre journĂ©e. Non, mais par contre, c'est trĂšs intĂ©ressant, puis, je constate que vous faites un peu de tout, finalement. Vous ĂȘtes un peu, au niveau lĂ©gislatif, Ă surveiller, en fait, un peu un chien de garde de ce qui se passe. Quand vous avez le temps, Ă©videmment, parce que ça demande beaucoup de ressources, ne serait-ce que de faire ça, de regarder comment un comitĂ© est montĂ©, qui est dedans, puis aprĂšs ça, relire aussi des projets de loi lorsqu'il y en a. Mais vous avez aussi un aspect trĂšs Ă l'Ă©coute de vos membres. Et d'ailleurs, vos membres, comment est-ce qu'ils peuvent vous rejoindre? Est-ce que c'est sur Internet? Ou c'est un numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone? Ou est-ce qu'il y a une façon de…
Karl : Oui. Mais c'est une bonne question.
Frédérique : Karl est trÚs actif sur LinkedIn.
Intervieweur : LinkedIn.
Karl : On peut nous rejoindre sur LinkedIn. Mais l’ADSG, c'est un peu la diffĂ©rence des autres sections de l'ABC. Peut-ĂȘtre pour faire un petit saut historique, parce que comme on Ă©tait une confĂ©rence avant, moi, j'ai toujours demandĂ© ça venait d'oĂč, c'est une confĂ©rence. Puis ce qu'on expliquait, c'est qu'il y avait les sections de droit et les confĂ©rences qui Ă©taient des regroupements d'individus en fonction de leurs intĂ©rĂȘts, Ă©videmment.
Frédérique : On n'était pas une section artificielle.
Karl : C'est ça. Donc, on n'Ă©tait pas une section de droit. Donc, Ă la diffĂ©rence des sections de droit, on peut penser Ă : faillite et action collective, name it, on n'a pas de membres en soi. Donc, j'ai une belle liste de distribution et ces gens-lĂ m'ont donnĂ© leur consentement pour que je les contacte, et puis j'envoie nos Ă©vĂ©nements. C'est trĂšs flexible. Donc, les gens peuvent nous rejoindre sur nos plateformes professionnelles. Mais peut-ĂȘtre qu'il faudrait songer Ă une façon de nous rejoindre plus informellement, ça pourrait ĂȘtre intĂ©ressant pour aller rejoindre les gens. Mais on a toujours cette envie-lĂ de se faire connaĂźtre. Lorsque j'ai commencĂ© ma coprĂ©sidence seul, j'avais l'idĂ©e de rejoindre les universitĂ©s pour que les Ă©tudiants et Ă©tudiantes sachent que ça existe et qu'ils peuvent aspirer Ă de la reprĂ©sentation. Donc, on a ce travail-lĂ de se faire connaĂźtre, mais je pense qu'avec nos Ă©vĂ©nements, ça...
FrĂ©dĂ©rique : Mais la seule limite, c'est pour avoir un rĂŽle plus impliquĂ©, je pense, sur la section, pas la section, mais en tout cas, l’ADSG, il faut ĂȘtre membre. C'est sĂ»r que ça peut ĂȘtre une barriĂšre, pour… il y a quand mĂȘme un coĂ»t pour ĂȘtre membre de l’ADSG. Donc, des fois, c'est ça qui freine aussi certaines personnes. Mais ça...
Karl : On réussit à contrecarrer ça avec des événements gratuits.
Frédérique : Je ne sais pas s'il faut dire ça, commencer à le contrecarrer.
Karl : Ben, j'en ai discutĂ© avec le leadership de l'ABC, puis je pense que tout le monde est conscient que les personnes LGBTQ+ n'auront pas nĂ©cessairement tendance Ă aller travailler dans des milieux trĂšs corpos. Il y a des gens qui vont Ćuvrer seuls, qui vont Ćuvrer dans le domaine public. Et les organisations ne paient pas nĂ©cessairement l'adhĂ©sion Ă l'ABC. Mais Ă©videmment, on encourage tout le monde Ă profiter des moments [00: 09: 18], Ă profiter des bĂ©nĂ©fices que l'ABC offre. Mais pour nous, c'est un besoin de reprĂ©sentativitĂ© et d'outreach.
FrĂ©dĂ©rique : C'est ça. On essaie de trouver des façons de faire des Ă©vĂ©nements qui n’amĂšneront pas de coĂ»ts pour les participants, mĂȘme si...
Karl : On remercie nos commanditaires.
Frédérique : On remercie nos commanditaires.
Intervieweur : Je comprends un peu plus la nuance, la différence. Est-ce que c'est aussi vos membres qui, par exemple, si vous faites de la vulgarisation de projets de loi, ou d'expliquer, comme tu as mentionné, il y a certains trucs en litige, parce que c'est bien beau que ça se passe dans les cours, mais souvent, pour monsieur et madame tout le monde, on ne sait pas trop. Donc ça aussi, j'imagine que c'est soit membres, soit vous en tant que co-président, co-présidente qui...
Frédérique : C'est ça nous, [00: 10: 01] que ce ne soit pas juste nous.
Intervieweur : Oui, c'est ça.
Frédérique : [00: 10: 03] je travaille en faillite et insolvabilité, c'est pas moi qui vais écrire un mémoire sur les droits humains. Je ne suis pas la bonne personne. On essaie de susciter de l'engouement, quand il y a des questions comme ça, de certaines personnes qu'on connaßt aussi qui sont plus connues et intéressées, on essaie de les contacter directement. On fait toujours un message à tous dans ces cas-là .
Karl : Oui, et puis on n'en fait pas assez, malheureusement, je pense. Je ne veux pas misleade les auditeurs et auditrices. J'aimerais dire que dÚs qu'il y a un projet de loi, on est là . On ne le fait pas assez par manque de temps, mais c'est quelque chose qu'on veut faire davantage. Mais comme Fred le disait, si je prends par exemple les personnes trans et non binaires, ces gens-là sont [fatigués 00: 10: 45] de se défendre pour leurs droits. Donc, aller solliciter leur travail pro bono pour commenter des morceaux législatifs, des fois, c'est inapproprié ou c'est impossible, mais on tente de le faire davantage. Quand on a de l'expertise, par exemple, quand c'est du droit familial ou des droits de la personne, on va vers ces gens-là . Mais c'est ça, moi, je fais de l'action collective.
Frédérique : [00: 11: 11]
Karl : Je suis avisé de ça, mais on a le support de l'ABC pour commenter ces positions-là . Donc, c'est quelque chose qu'on veut accentuer. C'est drÎle parce qu'autant que je veux l'accentuer, autant que j'aimerais ne pas avoir à le faire. Donc, ultimement, un jour, il n'y aura plus de morceaux législatifs discriminatoires, il n'y aura plus de morceaux législatifs qui oublient une partie de la population.
FrĂ©dĂ©rique : Je pense qu’il va toujours y en avoir.
Karl : Oui, c'Ă©tait mon segment utopique, mais ultimement, on pourrait ne plus avoir cette portion-lĂ dans notre mission.
Intervieweur : Merci beaucoup. Peut-ĂȘtre la derniĂšre question que vous avez quand mĂȘme touchĂ©e, donc je ne sais pas si vous voulez rajouter autre chose, mais que vous aviez mise et que je pense que c'est important de parler, de souligner, donc, c'est en fait les dĂ©fis qui attendent, selon vous, vos communautĂ©s dans les prochaines annĂ©es. Ce que vous voyez un peu dans votre boule de cristal, ça peut ĂȘtre un dĂ©fi, mais ça peut ĂȘtre aussi, on peut ĂȘtre dans le positif, si vous voyez aussi de bonnes choses. Mais donc, on pourrait terminer avec ça, notre trĂšs intĂ©ressant entretien.
FrĂ©dĂ©rique : On ne sera peut-ĂȘtre pas d'accord non plus. Je pense qu'on assiste Ă une radicalisation des positions et des idĂ©ologies de chaque groupe, que ce soit d’un bord ou de l'autre. Je pense que les dĂ©fis dans les prochaines annĂ©es, ça va ĂȘtre de ramener la communication entre les diffĂ©rents groupes de personnes. Ce qui se passe aux Ătats-Unis, par exemple, depuis Trump. Cette radicalisation-lĂ , moi, personnellement, me fait beaucoup peur. Je pense que dans les prochaines annĂ©es, surtout en tant qu'avocat, on doit ĂȘtre prudent et stratĂ©gique dans notre façon, je pense, de revendiquer et de communiquer avec les partis qui ne pensent pas nĂ©cessairement comme nous pour essayer de retrouver un canal de communication qui est adĂ©quat et qui n'est pas dans la violence et dans la haine.
Karl : Oui, je fais Ă©cho sur ce que tu dis. Le plus grand dĂ©fi, c'est probablement le dialogue. C'est difficile. Je peux concĂ©der de part et d'autre, — je vais parler pour les gens de nos communautĂ©s — c'est difficile de se sentir attaquĂ©, de sentir que notre existence est remise en question et mĂȘme liĂ©e dans certains cas, ce qui amĂšne les personnes trans et non binaires — je ne veux pas parler en leur nom, mais je fais Ă©cho de ce que j'ai entendu — qui fait en sorte que la mĂšche est courte en mots quĂ©bĂ©cois. Les positions vont ĂȘtre trĂšs Ă©motives, avec raison. Je pense qu'il va y avoir ce dĂ©fi de dialoguer, d'ĂȘtre capable d'exprimer nos positions. Par contre, il y a une position pour moi qui est inflexible, c'est les droits humains. Les droits et libertĂ©s qui sont protĂ©gĂ©s par la Charte, on ne peut pas dialoguer sur est-ce que les droits devraient ĂȘtre Ă©largis Ă tous et Ă toutes. C'est non nĂ©gociable. Mais de rapprocher nos positions, de dialoguer, de s'expliquer aussi, il y a beaucoup de peur, je pense.
Je peux faire l'analogie, les gens de l'autre camp qui ont des craintes qu’on a mentionnĂ©es pendant le podcast : «mes enfants, vous allez les contaminer. You're going to confuse them, you're grooming them.» Mais d'avoir ce dialogue-lĂ permet de dĂ©faire les nĆuds. Donc, il y a ce dĂ©fi-lĂ de dialogue. Ensuite, il y a la protection de nos acquis, Ă©viter tous les reculs. On n'est pas Ă l'abri, comme je l'ai mentionnĂ©, mĂȘme au Canada, de voir un dĂ©clin des protections qu'on croyait jusqu'Ă aujourd'hui garanties. Donc, il faut faire les chiens de garde encore. Il faut talonner les partis politiques, talonner les organisations pour leur rappeler qu'on est lĂ . Et que les droits, c'est pas… Souvent, on pense que les droits sont un peu comme une pointe de tarte, donc, si j'en donne Ă un, il en reste moins pour moi. Mais, c'est pas comme ça que ça fonctionne. Je vous l'apprends, c'est une lasagne infinie, il y a de la lasagne pour tout le monde.
Frédérique : [00: 15: 01]
Karl : Oui, il y a de la lasagne pour tout le monde. Il y en a toujours qui reviennent sur la table. Donc, on peut partager les droits, on peut en donner Ă tous et Ă toutes.
FrĂ©dĂ©rique : C'est pas qu'il parle le plus… Il ne faut pas ĂȘtre dans une habitude oĂč c'est qui qui parle le plus fort. Il faut dialoguer. Parce que si tu parles le plus fort, on l'a vu dans l'histoire, ça finit juste mal. Donc, il faut arrĂȘter. C'est pas ça le but d'Ă©craser l'autre. C'est juste de communiquer, et que tout le monde se comprenne. Puis, c'est ça. Ce serait si beau si ce serait si facile.
Karl : Oui, les dialogues, tu l'as bien imagé.
Frédérique : Avec une lasagne, on peut servir de la lasagne [00: 15: 37].
Intervieweur : C'est vraiment bon. Les droits humains, c'est une lasagne, c'est un buffet à volonté, en fait.
Karl : Oui j’aurais dĂ» travailler celle-lĂ , parce qu’elle va me suivre, mais…
Intervieweur : Elle est excellente.
Karl : Je suis bien ouvert.
Intervieweur : Non, mais merci beaucoup, vraiment, je pense qu'on a fait un peu… je ne sais pas s'il y avait d'autres trucs que vous vouliez toucher qu'on n'a pas mentionnĂ©s en ce moment, mais sinon, je pense qu'on a quand mĂȘme fait un bon tour d'horizon. Merci vraiment pour votre participation. En plus, je sais que vous ĂȘtes hyper occupĂ©s, et pour tout ce que vous faites aussi, pour la communautĂ© des personnes de la diversitĂ© sexuelle et de genre, et votre travail. Donc, voilĂ . Ă moins que vous ayez autre chose que vous vouliez dire?
Karl : Merci de nous donner cette voix-là . Je pense que ça fait en grande partie de notre travail qu'on fait, donc de prendre la parole. Donc, merci à l'ABC et à son staff de nous avoir donné cette opportunité-là aujourd'hui.
Frédérique : Oui, certainement. Merci beaucoup.
Intervieweur : Merci beaucoup de votre écoute. N'hésitez pas à nous contacter sur podcast@ cba.org. Bonne journée.