Se préparer-à-une-crise

  • 01 novembre 2023

Chère Advy,

RĂ©cemment, une amie qui travaille en dehors de la profession juridique m’a parlĂ© d’un de ses collègues qui avait menacĂ© de se suicider. Mon amie a Ă©tĂ© traumatisĂ©e par l’incident parce qu’elle n’avait aucune idĂ©e de ce qu’elle devait faire. Elle est allĂ©e voir son directeur et s’est rapidement rendu compte qu’eux non plus ne savaient pas quel processus suivre. Appelez au 9-1-1? Fournir le numĂ©ro d’une ligne d’aide au collègue? Heureusement, le collègue en question a finalement obtenu de l’aide et la crise a Ă©tĂ© Ă©vitĂ©e, mais j’ai rapidement rĂ©alisĂ© que je ne pense pas que quiconque dans mon cabinet aurait la moindre idĂ©e de la façon de gĂ©rer cette situation. C’est une chose d’offrir de l’aide si vous sentez que quelqu’un est dĂ©primĂ© ou anxieux, mais je ne suis pas convaincue qu’une mesure immĂ©diate doit ĂŞtre prise si quelqu’un menace de se suicider. Que faire si je me retrouve dans la mĂŞme situation?

Sincères salutations,
Se préparer-à-une-crise


Chère Se-préparer-à-une-crise,

Vous avez peut-ĂŞtre vu la rĂ©cente Étude nationale des dĂ©terminants de la santĂ© psychologique des professionnels du droit au Canada, qui souligne que 24 % des juristes affirment avoir eu des idĂ©es suicidaires depuis le dĂ©but de leur pratique professionnelle. Compte tenu de cette statistique, il est tout Ă  fait possible que n’importe lequel d’entre nous se retrouve dans la situation dans laquelle se trouvait votre amie. Je vous fĂ©licite de rechercher proactivement des informations afin d’ĂŞtre prĂŞte Ă  soutenir un collègue, un client ou toute autre personne dans votre vie aux prises avec une crise de santĂ© mentale.

Ça ne pourrait pas toujours paraĂ®tre que quelqu’un pense au suicide, et la première Ă©tape pour aider quiconque est de reconnaĂ®tre les signes avant-coureurs. Ils peuvent comprendre les suivants :

  • Exprimer des pensĂ©es ou des sentiments de dĂ©sespoir ou de dĂ©tresse;
  • Parler ou Ă©crire sur la mort, le dĂ©cès ou le suicide;
  • S’isoler et s’Ă©loigner des interactions sociales;
  • Changer subitement de comportement, d’humeur ou d’apparence;
  • Augmenter la consommation de substances;
  • Rechercher des moyens de se faire du mal, notamment avec des pilules ou des armes;
  • S’automutiler ou adopter des comportements imprudents.

Si vous remarquez l’un de ces signes ou, comme dans le cas de votre amie, si vous constatez qu’une personne fait allusion au suicide, il est essentiel de prendre son comportement et ses sentiments au sĂ©rieux et d’agir rapidement. Engager une conversation sur le suicide peut ĂŞtre difficile, mais c’est nĂ©cessaire. Les objectifs de votre conversation sont d’offrir du soutien, d’Ă©valuer l’urgence de la situation, d’assurer la sĂ©curitĂ© de la personne et de lui recommander de l’aide ou d’en chercher pour elle.

Voici quelques Ă©tapes qui peuvent vous aider lors de cette conversation :

  1. Dites Ă  la personne que vous vous souciez d’elle, puis dĂ©crivez les comportements qui suscitent votre inquiĂ©tude. Attendez-vous Ă  ce que la personne ne veuille pas parler avec vous. Dans ce cas, proposez-lui de l’aider Ă  trouver quelqu’un Ă  qui elle pourra se confier, de prĂ©fĂ©rence quelqu’un qui a des connaissances pour faire face Ă  ce genre de situation.
     
  2. Ă€ moins que la personne ne vous l’ait dĂ©jĂ  dit, la seule façon d’Ă©valuer l’urgence de la situation est de lui demander directement si elle envisage le suicide. Il est plus important de faire preuve d’empathie et de lui accorder toute votre attention que de vous concentrer pour dire la bonne chose. Encouragez-la Ă  partager ses sentiments et ses pensĂ©es en lui posant des questions ouvertes. Évitez d’intervenir, de juger, de minimiser ses sentiments ou d’offrir des solutions immĂ©diates. Bien qu’il soit courant de ressentir de la dĂ©tresse face aux rĂ©vĂ©lations d’une personne se trouvant dans une telle situation, l’adoption d’une attitude calme et confiante sera plus rassurante pour elle.
     
  3. Si vous croyez qu’il existe un risque immĂ©diat que la personne agisse par rapport Ă  ses pensĂ©es suicidaires, veillez Ă  ce qu’elle ne soit pas seule et faites en sorte d’assurer sa sĂ©curitĂ© en retirant tout moyen par lequel elle pourrait se faire du mal. Si la personne refuse de se dĂ©faire d’une arme ou de demander de l’aide, selon la situation, vous devrez peut-ĂŞtre appeler le 9-1-1 ou un centre de crise, ou encourager la personne Ă  se rendre au service d’urgence le plus proche.
     
  4. Informez la personne que de l’aide est disponible et encouragez-la Ă  communiquer avec son mĂ©decin ou un professionnel de la santĂ© mentale, un centre de crise ou tout autre soutien, ou encore faites-le en son nom. Il peut ĂŞtre utile de se rappeler que vous ne pouvez pas remplacer un professionnel de la santĂ© mentale et que votre rĂ´le est de fournir du soutien jusqu’Ă  ce que la personne puisse recevoir de l’aide professionnelle ou jusqu’Ă  ce que la crise soit rĂ©solue. Si la personne ne sait pas qui contacter, Parlons suicide Canada est une ressource prĂ©cieuse, disponible 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Prenez une minute pour enregistrer le numĂ©ro sans frais, 1 833 456-4566, et le SMS, 45645, de cette ressource dans votre tĂ©lĂ©phone. Ce simple geste pourrait vous aider Ă  sauver une vie.

Soutenir une personne qui vit une crise de santé mentale peut être une tâche difficile et exigeante sur le plan émotionnel. Assurez-vous de prendre le temps de prioriser votre bien-être en recherchant les aides et les soins personnels qui vous aideront à gérer votre stress et vos émotions.

Envisagez d’avoir au sein de votre cabinet des champions de la santĂ© mentale en milieu de travail qui peuvent soutenir quelqu’un vivant une crise de santĂ© mentale. Une formation sur les premiers soins en santĂ© mentale est offerte par la Commission de la santĂ© mentale du Canada et votre programme d’aide aux juristes peut vous offrir une formation ou des ressources semblables.

Prenez bien soin de vous.
Advy

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