Réglementation contre le bruit et ses effets sur l’aménagement du territoire en Nouvelle-Galles du Sud et en Ontario

  • 08 mars 2017
  • Scott Hindle

Veuillez noter que le texte qui suit n’est qu’un rĂ©sumĂ© de l’article complet dont vous pouvez consulter la version PDF uniquement en anglais) pour une analyse plus complète et les renvois aux sources.
Courriel : Scott Hindle

Introduction

Certains disent qu’il n’y a pas grand-chose de comparable au bruit pour diviser un voisinage. Lors de projets d’amĂ©nagement de communautĂ©s, que celles-ci soient nouvelles ou anciennes, il est frĂ©quemment question d’utilisateurs sensibles et de l’interaction entre les utilisations proposĂ©es. Toutefois, la combinaison de la rĂ©glementation et d’intĂ©rĂŞts et de politiques contradictoires peut produire des rĂ©sultats bien intentionnĂ©s mais parfois malheureux.

En Nouvelle-Galles du Sud et en Ontario, de strictes directives ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©es afin d’uniformiser les interventions provinciales et municipales dans les conflits qui surviennent inĂ©vitablement.

RĂ©glementation en Nouvelle-Galles du Sud

En Nouvelle-Galles du Sud, la loi sur la protection de l’environnement (Protection of the Environment Operations Act) est le principal texte lĂ©gislatif en matière de rĂ©glementation du bruit. Il existe cependant un certain nombre d’instances responsables de la surveillance quotidienne de questions de pollution sonore, dont plusieurs ont des mandats qui se chevauchent.

Le Bureau de la protection de l’environnement (Environment Protection Authority) est la principale instance de surveillance, qui est chargĂ©e du contrĂ´le de la pollution sonore produite par les activitĂ©s programmĂ©es, les chemins de fer et la construction d’autoroutes. Cette instance est Ă©galement responsable de la rĂ©glementation des Ă©missions sonores provenant de lieux publics et d’Ă©tablissements, pour l’indication des niveaux sonores, pour les Ă©crans antibruit et autres Ă©quipements de contrĂ´le du bruit, et pour l’inspection de cas d’Ă©missions sonores. Les Services routiers et maritimes (Roads and Maritime Services) et les conseils municipaux sont chargĂ©s du contrĂ´le du bruit produit par la circulation routière gĂ©nĂ©rale. Par ailleurs, les Services maritimes de la Nouvelle-Galles du Sud sont responsables du contrĂ´le des Ă©missions sonores de vaisseaux maritimes. La Loi sur les boissons alcoolisĂ©es (Liquor Act) autorise la police, les conseils municipaux et le directeur de la RĂ©gie des alcools et des jeux (Director of Liquor and Gaming) Ă  sanctionner les Ă©tablissements agrĂ©Ă©s contre lesquels sont formulĂ©es des plaintes de bruit.

Le Commonwealth d’Australie est responsable de la surveillance et du contrĂ´le des nuisances sonores causĂ©es par les avions. La Loi sur la gestion des rĂ©gimes de copropriĂ©tĂ© (Strata Schemes Management Act) exige de tout rĂ©gime de copropriĂ©tĂ© qu’il soit dotĂ© de règlements semblables au modèle prĂ©vu par cette Loi. La Loi sur les animaux de compagnie (Companion Animals Act) comprend des dispositions qui rĂ©glementent les propriĂ©taires de chiens et chats nuisibles. Il n’existe pas de normes de protection des travailleurs contre le bruit en milieu de travail – le bruit est une problĂ©matique qui n’est traitĂ©e qu’au niveau de la communautĂ©.

La Loi sur la planification et l’Ă©valuation environnementales (Environmental Planning and Assessment Act) et la Loi sur les administrations locales (Local Government Act) habilitent les administrations locales Ă  rĂ©glementer les nuisances publiques (y compris le bruit) et Ă  agir pour les faire cesser.

Directives principales

La Nouvelle-Galles du Sud a élaboré un certain nombre de directives en matière de nuisances sonores qui décrivent comment mesurer et traiter différents problèmes liés au bruit.

Le Guide du bruit pour les administrations locales (Noise Guide for Local Government) s’adresse aux urbanistes et vise Ă  influencer leur prise de dĂ©cisions en matière de planification afin de rĂ©duire autant que possible, voire Ă©liminer, les problèmes de bruit. Toutefois, ce Guide est de caractère facultatif seulement et n’a donc pas force obligatoire.

La Nouvelle-Galles du Sud publie pĂ©riodiquement des politiques Ă©tatiques de planification environnementale (State Environmental Planning Policies – SEPP) qui traitent de questions importantes d’urbanisme au niveau de l’État ou de ses rĂ©gions. La politique Ă©tatique sur les infrastructures, par exemple, comprend des stratĂ©gies qui visent l’amĂ©nagement de zones d’habitation Ă  haute densitĂ© Ă  proximitĂ© d’infrastructures Ă©tatiques comme des gares de chemin de fer, tout en reconnaissant la possibilitĂ© de conflits que peuvent susciter de telles infrastructures en raison de niveaux Ă©levĂ©s de bruit et de vibration. La Directive sur les nuisances sonores d’infrastructures ferroviaires (Rail Infrastructure Noise Guideline) et la Directive provisoire sur les amĂ©nagements Ă  proximitĂ© de couloirs ferroviaires et de routes Ă  grande circulation (Development Near Rail Corridors and Busy Roads – Interim Guideline) traitent Ă©galement de cette problĂ©matique. Des mesures rĂ©alisables et raisonnables de rĂ©duction des nuisances sont exigĂ©es Ă  proximitĂ© des infrastructures concernĂ©es.

RĂ©glementation en Ontario

Le Règlement de l’Ontario 381/15 (Bruit) rĂ©glemente le bruit Ă  l’intĂ©rieur de bâtiments et les niveaux sonores auxquels sont exposĂ©s les travailleurs. Le Code canadien du travail et le Règlement canadien sur la santĂ© et la sĂ©curitĂ© au travail offrent Ă©galement certaines protections aux industries de compĂ©tence fĂ©dĂ©rale.

L’article 75 du Code de la route interdit l’Ă©mission, par des vĂ©hicules Ă  moteur, de sons ou bruits excessifs. Dans le but d’encourager la rĂ©alisation de projets d’Ă©nergie renouvelable, certaines dispositions particulières ont Ă©tĂ© mises en vigueur pour tester les Ă©missions de tels projets. L’article 46 du Règlement sur les permis de vente d’alcool de la Loi sur les permis d’alcool de l’Ontario interdit aux dĂ©tenteurs de permis de vente d’alcool de dĂ©ranger les personnes qui habitent Ă  proximitĂ©. Le gouvernement fĂ©dĂ©ral est responsable de la surveillance de l’aviation civile et du contrĂ´le du bruit dĂ» au trafic aĂ©rien, sous la gestion de Transports Canada et de NAV CANADA. Des modifications rĂ©centes apportĂ©es Ă  la Loi sur les condominiums ont mis en Ĺ“uvre de nouvelles restrictions en matière de bruit, interdisant les activitĂ©s qui pourraient dĂ©ranger les voisins. C’est toutefois la Loi sur la protection de l’environnement qui constitue le principal moyen de contrĂ´le de la pollution sonore dans la province.

En aoĂ»t 2013, la province de l’Ontario a mis Ă  jour ses lignes directrices sur les nuisances sonores et la publication ainsi actualisĂ©e – NPC-300 (Ligne directrice relative au bruit ambiant) – est celle qui est maintenant en vigueur. Cette Ligne directrice traite des Ă©missions sonores qui pourraient, de façon prĂ©visible et dans le pire des cas, provenir d’une propriĂ©tĂ© et ainsi nuire aux voisins.

Compatibilité des différentes utilisations des sols

Lorsqu’elles font face Ă  une demande d’amĂ©nagement du territoire, les autoritĂ©s chargĂ©es de la planification de l’utilisation des sols doivent dĂ©terminer la compatibilitĂ© des zonages voisins. [traduction] « L’on considère que l’usage rĂ©sidentiel fait partie des zonages sensibles. Si une zone rĂ©sidentielle se trouve Ă  proximitĂ© d’une entreprise industrielle existante, cela peut constituer un obstacle important, autant pour la capacitĂ© de l’industrie concernĂ©e Ă  exercer ses activitĂ©s de manière efficace, que pour l’utilisateur rĂ©sidentiel qui veut profiter de sa demeure. »

Le ministère de l’Environnement a Ă©galement publiĂ© les lignes directrices de la sĂ©rie « D » afin de servir de base Ă  la prise de dĂ©cisions concernant la compatibilitĂ© de diffĂ©rentes utilisations des sols. Ces lignes directrices sont soumises aux exigences de la Ligne directrice NPC-300, qui Ă©tablit un système de classes permettant de dĂ©terminer le degrĂ© de sensibilitĂ© prĂ©visible de propriĂ©tĂ©s dans une zone d’Ă©tude donnĂ©e.

L’article 129 de la Loi sur les municipalitĂ©s permet Ă  celles-ci d’interdire ou de rĂ©glementer le bruit et d’autres Ă©missions. Les municipalitĂ©s peuvent toutefois autoriser certaines Ă©missions moyennant la dĂ©livrance d’un permis et sous rĂ©serve des conditions applicables. Les municipalitĂ©s peuvent Ă©galement, Ă  leur grĂ©, autoriser des amĂ©nagements de classe 4, Ă  condition que soient suivies les procĂ©dures qu’elles sont habilitĂ©es Ă  Ă©tablir Ă  cet Ă©gard.

Afin d’Ă©viter les conflits avec des rĂ©sidents qui font face Ă  des activitĂ©s de construction, Ă  des Ă©vĂ©nements spĂ©ciaux, ou Ă  l’utilisation de ventilateurs, climatiseurs ou vĂ©hicules Ă  moteur, la plupart des grandes municipalitĂ©s de l’Ontario ont mis en vigueur des règlements locaux sur le bruit, qui rĂ©glementent les activitĂ©s quotidiennes.

Comparaison des stratégies adoptées en Nouvelle-Galles du Sud et en Ontario

Les directives en Nouvelle-Galles du Sud ne lient pas les administrations locales et sont plutĂ´t considĂ©rĂ©es comme Ă©tant de nature facultative. En Ontario, en revanche, les lignes directrices sont considĂ©rĂ©es comme ayant force obligatoire, et rares sont les dĂ©rogations autorisĂ©es. La flexibilitĂ© de l’approche adoptĂ©e en Nouvelle-Galles du Sud – qui comprend le fait de ne mettre en Ĺ“uvre que des mesures de rĂ©duction des nuisances qui sont rĂ©alisables et raisonnables – entraĂ®ne des rĂ©sultats qui reflètent mieux les rĂ©alitĂ©s quotidiennes des voisinages concernĂ©s.

La stratĂ©gie de la dĂ©marche raisonnable qui caractĂ©rise les lois de la Nouvelle-Galles du Sud est plus favorable Ă  des solutions collaboratives ainsi qu’Ă  l’usage mixte d’installations Ă  proximitĂ© immĂ©diate les unes des autres. En outre, cette stratĂ©gie semble – au fil du temps – avoir favorisĂ© une culture au sein de laquelle les rĂ©sidents s’attendent Ă  un certain niveau de dĂ©rangement et agissent donc en consĂ©quence. Cela semble ĂŞtre moins le cas en Ontario. En Nouvelle-Galles du Sud et en Ontario, la majoritĂ© des règlements portant sur la pollution sonore dans le cadre d’amĂ©nagements du territoire n’ont qu’une incidence limitĂ©e, voire nulle, sur les activitĂ©s et les rĂ©sultats de ces amĂ©nagements. Dans les cas plus complexes, cependant, les approches adoptĂ©es respectivement par la Nouvelle-Galles du Sud et par l’Ontario divergent.

Scott Hindle, BES (bachelier ès science de l’environnement), MCIP (membre de l’Institut canadien des urbanistes), RPP (urbaniste professionnel certifiĂ©), JD (baccalaurĂ©at en droit 2017), est urbaniste et Ă©tudiant en droit Ă  l’UniversitĂ© de Victoria. Il commencera un stage avec le bureau d’avocats Davies Howe Partners LLP Ă  Toronto au cours de l’Ă©tĂ© 2017.