Naviguer en temps de crise

Animatrice : Vous Ă©coutez Juriste branchĂ© prĂ©sentĂ© par l’Association du Barreau canadien.

Homme : Le COVID-19 a jetĂ© une lumière crue sur de nombreuses failles dans nos institutions. Dans les soins de santĂ©, Ă©videmment, dans l’Ă©ducation, ainsi que plusieurs secteurs de notre Ă©conomie. Elle Ă©galement rĂ©vĂ©ler un système judiciaire pris complètement au dĂ©pourvu. La question qu’on se pose est la suivante : Les acteurs clĂ©s du secteur juridique sauront-ils rĂ©former et moderniser notre système de justice dans l’après-crise? Je suis Yves Faguy, Ă©coutez notre prochaine sĂ©rie de conversations animĂ©es par ABC National en collaboration avec le projet Avenir en droit de l’ABC. Après la pandĂ©mie, l’avenir de la justice.

J’aurai l’occasion de discuter de ces enjeux avec diffĂ©rents intervenants du secteur juridique, ne manquez pas cette programmation spĂ©ciale du Juriste branchĂ©, qui vous sera prĂ©sentĂ© Ă  compter de mai 2020.

Animatrice : Chers auditeurs, afin de respecter les règles de distanciation sociale, nous avons enregistrĂ© cet Ă©pisode de la maison, plutĂ´t qu’en studio comme Ă  l’habitude. Bonne Ă©coute!

Bonjour et bienvenue Ă  Juriste branchĂ©, je suis votre animatrice Katherine Provost. On dit que dans la vie le changement est la seule constance. Il est normal que d'une annĂ©e Ă  une autre votre cabinet Ă©volue et grandisse avec vos clients et votre succès, avec les changements de lĂ©gislation et avec de nouvelles pratiques juridiques. Je suis certaine que votre mĂ©thode de travail au sein de votre cabinet entre la première annĂ©e de pratique et aujourd’hui est considĂ©rablement diffĂ©rente, et que ce changement s’est sĂ»rement fait graduellement. Par contre le changement soudain, comme lors d’une crise, comme en ce moment avec la pandĂ©mie de la COVID-19 est beaucoup plus difficile Ă  accueillir. Il nous force Ă  revoir nos pratiques du jour au lendemain, il secoue notre confiance et en soi, il nous met mal alaise.

Pour aider les petits cabinets des juristes exerçants seuls Ă  naviguer en moment de crise, nous discutons aujourd'hui avec maĂ®tre Monica Barley du cabinet Actus Law Droit situĂ© Ă  Moncton au Nouveau-Brunswick. MaĂ®tre Barley pratique depuis 2002 et a entamĂ© sa carrière chez Actus Law Droit 8 ans plus tard en 2010. Elle y est devenue associĂ©e en 2012. Elle est Ă©galement une bĂ©nĂ©vole hors pair et a Ă©tĂ© membre du conseil d’administration de l’OBL RĂ©sidences Alternatives inc. ainsi qu’avoir prĂ©sidĂ© le Carrefour pour femmes inc. et la section du droit des aĂ®nĂ©s au sein de l’Association du Barreau canadien division du Nouveau-Brunswick. Elle est maintenant prĂ©sidente du Centre de pĂ©diatrie sociale du Sud-Est.

Bienvenue à Juriste branché Maître Barley.

Barley : Merci, bienvenue.

Katherine : Donc pour commencer j’aimerais qu’on parle un peu de la diffĂ©rence entre le changement planifiĂ© et le changement forcĂ©. De votre expĂ©rience qu'est-ce que vous pourriez nous en dire?

Barley : Si c’Ă©tait un changement planifiĂ© de ma perspective, c'est nous qui aurions eu le contrĂ´le sur comment apporter des changements d’une façon structurĂ©e planifier Ă  l’avance, d’ailleurs je pense qu’on aurait eu beaucoup plus de temps Ă  y penser, lorsque c'est forcĂ©, c'est certain qu’Ă  ce moment-lĂ  qu’on est beaucoup plus rĂ©actionnel. On essaye de remplir les exigences qui nous sont forcĂ©es le mieux possible.

Katherine : Est-ce que vous diriez que d’ĂŞtre forcĂ© Ă  innover rapidement ça peut ĂŞtre bĂ©nĂ©fique pour un petit cabinet ou un juriste indĂ©pendant?

Barley : Certainement, une des choses que moi j'ai pensĂ© presque dès le dĂ©but, c’est qu’il y allait certainement y avoir des bĂ©nĂ©fices qu'on allait recevoir de tout ça, tant au niveau du cabinet, que comme avocat que comme système judiciaire. D’ailleurs pour moi c'est une des choses que… je suis contente que on va ultimement pouvoir en bĂ©nĂ©ficier.

Katherine : Oui donc, quel genre de… vous dites que vous pourriez en bĂ©nĂ©ficier, dans quel sens est-ce qu'on pourrait le faire?

Barley : Un exemple parfait pour moi, y a plusieurs annĂ©es qu’on cherchait Ă  convaincre les tribunaux de pouvoir dĂ©poser nos documents Ă©lectroniquement et c'Ă©tait toujours refusĂ©. On Ă©tait toujours dit que ça allait venir, ça allait venir, mais on attendait toujours. Pis lorsque je dis plusieurs annĂ©es, je parle d’il y a au moins 10 ans qu’on parlait de ça. En raison de la pandĂ©mie, ils l’ont permis, et d’ailleurs on a Ă©tĂ© dit rĂ©cemment que ça allait rester. Ça, c'est un exemple, mais un autre exemple Ă©galement, des comparutions par tĂ©lĂ©phone ou par vidĂ©oconfĂ©rence. Quoique ça arrivait parfois, mais ça arrivait malheureusement trop rarement. Pis dans une province comme le Nouveau-Brunswick, moi je me suis dĂ©jĂ  vu voyager deux heures en voiture pour me rendre en cour pour demander un ajournement. Alors ma comparution durait seulement peut-ĂŞtre 10 ou 15 minutes, pis lĂ  je retournais deux heures de voiture au bureau. Alors, je souhaite que maintenant, parce que les gens, tous les gens ont dĂ» s’habituer, que ça va rester.

Katherine : Vous parlez beaucoup de changements technologiques, mais en gĂ©nĂ©ral c'est souvent les changements qui sont les moins faciles Ă  intĂ©grer rapidement. On parle du sans-papier, on parle de la digitalisation d’Ă  peu près tout, l’utilisation de mĂ©gas donnĂ©es, les rĂ©seaux sociaux, les vidĂ©o-confĂ©rences. Maintenant on a Ă©tĂ© obligĂ© de les implĂ©menter assez rapidement. Est-ce qu'il y a une façon, est-ce qu'il y a des trucs que on peut utiliser en ce moment pour les implĂ©menter facilement sans crĂ©er trop d’inconfort pour nos clients et nos collègues?

Barley : Les trucs que nous on a trouvĂ© c'est vraiment que pour ceux… y a certaines personnes qui peuvent s’adapter beaucoup plus rapidement que d’autres. Alors lorsque ces personnes-lĂ  se sont adaptĂ©es, si elles peuvent rassurer les autres, puis leur montrer comment faire, pis prendre le temps nĂ©cessaire pour leur montrer, on s’est aperçu que ça ça l’aide beaucoup. Je pense que le gros obstacle Ă  l’adaptation Ă  la technologie, c'est souvent qu’on est très confortable dans ce qu’on fait Ă  tous les jours. Alors, c'est vraiment, contre l’adaptation, c'est vraiment de changer ce qu’on est confortable de faire. C'est sĂ»r que lorsque c'est forcĂ©, on se trouve Ă  ne pas avoir de choix, ou beaucoup moins de choix. Alors, Ă  ce moment-lĂ  on le fait parce qu’on se sent obligĂ©. C'est pour cette raison-lĂ  que moi je disais qu’on allait crĂ©er des bĂ©nĂ©fices de ça.

Katherine : Comment est-ce qu'on peut faire pour que ça reste, donc pour que le choc ne soit pas trop brusque que les gens disent : ah j’ai tellement hâte de revenir Ă  la façon d’aller en cour, de me prĂ©senter en personne. Au contraire qu’ils voient le bĂ©nĂ©fice de dire : ah c'est ben plus pratique de faire ça par vidĂ©oconfĂ©rence.

Barley : C'est ça le risque, parce que moi je suis une personne beaucoup plus Ă©lectronique de genre. Alors, ça c'est un risque que je perçois Ă©galement, que… les gens vont vouloir retourner Ă  ce que eux perçoivent comme leur normal, puis que dans le fond on va perdre un peu ces bĂ©nĂ©fices-lĂ . Je pense que c'est plutĂ´t pour ceux qui veulent ce changement-lĂ , de continuer Ă  militer encore plus fort qu’ils le faisaient peut-ĂŞtre avant. Parce que maintenant ils peuvent au moins dire : ben vous avez vu, c'est pas si mal, vous l’avez fait. Quelque chose que moi je fais au bureau c'est de dire aux gens : la sociĂ©tĂ© s’en va dans cette direction-lĂ , elle ne s’en va pas dans la direction opposĂ©e. Alors il faut qu’on continue Ă  dĂ©velopper, parce que sinon ça va nous dĂ©passer.

Katherine : Vous parlez de communiquer le fait que ça va changer. Comment est-ce qu’on peut communiquer cette transition-lĂ  subite Ă  nos clients, tout en gardant une compassion et en les rassurant que c'est pour le mieux?

Barley : Ça, c'est ce qui a Ă©tĂ© peut-ĂŞtre le plus difficile. On a Ă©tĂ© obligĂ© de se fier aux mĂ©dias sociaux beaucoup plus qu’on aurait peut-ĂŞtre pensĂ©. Pis dans le fond, en raison du fait que tous les gens Ă©taient ordonnĂ©s de rester Ă  la maison, c'Ă©tait vraiment presque le seul moyen de communiquer avec eux au niveau global. C'est sĂ»r qu’Ă  ce moment-lĂ  si on avait des clients existants, qu’on pouvait communiquer avec eux soit par tĂ©lĂ©phone, soit par courriel, pis de les rassurer de ces façons-lĂ , pis Ă  ce niveau-lĂ  moi ça m’a Ă©normĂ©ment surpris. Parce que j’ai trouvĂ© que mĂŞme les gens qu’on ne se serait pas attendu qu’ils pouvaient s’adapter le faisaient. J’ai fait une rencontre par une vidĂ©oconfĂ©rence avec une madame qui avait proche de 90 ans, que c'est sa fille qui a aidĂ© le processus, mais ça s’est très bien passĂ©. Pis prochainement je vais faire une autre rencontre par vidĂ©oconfĂ©rence avec une patiente Ă  l’hĂ´pital. C'est l’hĂ´pital qui aide Ă  cĂ©duler la vidĂ©oconfĂ©rence parce qu'il y a personne qui peut se rendre Ă  l’hĂ´pital. Ça fait que je trouve que c'est vraiment bien. Y a des dĂ©veloppements que je pense que les gens vont voir eux-mĂŞmes qu’ils sont capables peut-ĂŞtre par opposition de ce qu’ils pensaient avant.

Katherine : Oui donc c'est leur dĂ©montrer qu’en fait ça fonctionne très bien.

Barley : Oui, oui.

Katherine : Vous avez parlĂ© des rĂ©seaux sociaux, comment vous avez rĂ©ussi Ă  communiquer avec vos clients? Est-ce que vous pourriez nous en dire plus?

Barley : Oui. Ça fait que nous ce qu’on a fait c'est qu'on a euh... envoyĂ© un message mĂŞme Ă  travers Facebook. Ce qu'on s’est aperçu dès le dĂ©but, c'Ă©tait que les gens passaient plus de temps sur Facebook qu’ils le faisaient auparavant. Puis, euh... ça fait qu’on a communiquĂ© par ce moyen-lĂ . Ensuite on a Ă©galement mis la communication sur le site web, puis le plus possible on essayait de faire cette communication-lĂ  par cette entremise-lĂ . S’il y avait un besoin plus immĂ©diat, ben lĂ  Ă  ce moment-lĂ  on le faisait par courriel ou par tĂ©lĂ©phone.

Katherine : Vous parlez qu’avant vous n’Ă©tiez pas nĂ©cessairement focussĂ© sur le marketing, vous avez du un peu rĂ©affecter les tâches. Par la suite, une fois que cette crise va ĂŞtre passĂ©e, est-ce que vous voyez une valeur Ă  rajouter une personne pour le marketing, pour l’image de marque de votre cabinet?

Barley : C'est difficile. Le marketing au niveau d’un cabinet juridique comme le nĂ´tre, nous autres on trouve que c'est vraiment beaucoup plus ciblĂ© que ça. MĂŞme si le marketing se fait beaucoup plus Ă©lectroniquement ou sur les mĂ©dias sociaux qu’avant, on trouve que vraiment de cibler les marchĂ©s spĂ©cifiques Ă  ce qu'on cherche dĂ©velopper c'est ça qui fonctionne le mieux. Puis, ensuite de faire du marketing presque de bouche Ă  oreille c'est encore mieux. Ça fait que c'est peut-ĂŞtre pas ce qui est comme traditionnellement vu dans d’autres industries, nous c'est ce qu’on a compris.

Katherine : Comment est-ce que c'est possible de faire ce ciblage en ce moment avec la crise de la COVID-19. Est-ce que c'est possible ou on est vraiment en mode gestion de crise, Ă©valuation des prioritĂ©s vraiment sur les cas et non pas sur les cas du cabinet?

Barley : Ça, c'est quelque chose qu’on s’est posĂ© comme question souvent, parce qu'on voulait certainement ĂŞtre sensible au fait qu’on vit dans une situation très difficile. On ne voulait pas ĂŞtre perçu comme Ă©tant : vouloir prendre avantage de la situation. Ça fait qu’on a plutĂ´t gardĂ© ça presque assez gĂ©nĂ©ral. Pis on a changĂ© un petit peu le marketing de sorte Ă  plutĂ´t aviser les gens qu’on Ă©tait encore lĂ  pour eux, pis que mĂŞme si que dans le fond les gens percevaient comme quoi que tout Ă©tait arrĂŞtĂ©, y avait encore des situations dans lesquelles le besoin d’un avocat pouvait se prĂ©senter, pis de pouvoir faire du marketing plus Ă  ce niveau-lĂ , versus dire euh... tsĂ© en temps normal : venez faire ceci, venez faire cela.

Katherine : Oui donc on leur laisse savoir qu'on est encore en action dans le fond?

Barley : C'est ça pis comment communiquer avec dans cette situation si vous en avez besoin, parce qu’on est toujours lĂ , pis on est toujours disponible Ă  pouvoir rĂ©gler les problèmes qui peuvent survenir malgrĂ© notre situation.

Katherine : Oui donc on a parlĂ© de la communication avec les clients, mais qu’en est-il de la communication entre collègues? Donc, dans un cabinet, surtout dans un petit cabinet, j’imagine oĂą les discussions doivent se faire beaucoup dans le corridor, dans les bureaux, Ă  la fontaine d’eau. Comment est-ce qu'on fait maintenant pour rester en communication avec les collègues malgrĂ© l’isolement social ?

Barley : Ça ç’a Ă©tĂ© difficile aussi, pis d’ailleurs je pense que de ma perspective, c'est ça qui a Ă©tĂ© le plus difficile. Nous notre cabinet on est 13 avocats, on est copropriĂ©taires, puis on a dĂ» naturellement je pense augmenter nos rĂ©unions comme propriĂ©taire pour s’assurer du bon fonctionnement pis prendre des dĂ©cisions beaucoup plus rapidement. Puis la seule raison qu’on pouvait faire ça c'Ă©tait vraiment par vidĂ©oconfĂ©rence, ça ça n'a pas Ă©tĂ© Ă©vident de pouvoir s’assurer que tout le monde pouvait y participer pleinement. Y a eu beaucoup de changements ou d’adaptations qui ont dĂ» se faire, plus pour certains que d’autres. Mais, fondamentalement, c'est comme ça qu’on a vu que c'Ă©tait la meilleure façon de communiquer parce que lorsqu’on doit prendre des dĂ©cisions difficiles de pouvoir voir le visage de quelqu'un et de s’assurer qu’on est bien compris c'est important. Alors dans ces situations-lĂ  on a dĂ©terminĂ© très rapidement qu’une vidĂ©oconfĂ©rence Ă©tait la meilleure façon de continuer. Autrement, on fonctionne par courriel, ou par tĂ©lĂ©phone, du mieux qu’on peut vraiment.

Katherine : Donc on s’assure de rester disponible de d’autres façons.

Barley : Oui, puis c'est sĂ»r que dans un bureau on essaye toujours de connecter avec nos employĂ©s, connecter avec nos avocats associĂ©s et tout ça. Ça, ç’a Ă©tĂ© presque impossible. Juste ramasser le tĂ©lĂ©phone et de s’assurer que la personne est correcte et de poser comment ils vivent ça, s’ils ont des soucis, est-ce qu'on peut faire quelque chose pour eux, ç’a vraiment Ă©tĂ© le seul moyen qu’on pouvait comme d’essayer de maintenir cette connexion-lĂ .

Katherine : On prend des nouvelles de chacun de soi, on s’occupe de l’un l’autre, mais comment est-ce qu'on peut aussi s’occuper de nous-mĂŞmes? Comment est-ce qu'on garde notre sang-froid, notre professionnalisme lors d'une crise de cette ampleur qui nous force Ă  revoir nos mĂ©thodes de travail?

Barley : Ç’a Ă©tĂ© difficile, c'est certain qu’on a remarquĂ© dès le dĂ©but que les gens Ă©taient beaucoup plus anxieux, beaucoup plus stressĂ©s, alors beaucoup moins patients. Mais je pense de reconnaitre ça et d’essayer d’ĂŞtre beaucoup plus patients avec les autres en raison de ça, c'est ça qu’il semble avoir fonctionnĂ© jusqu’Ă  date. C'est drĂ´le parce que maintenant y a plusieurs semaines qu’on est dans cette situation-lĂ  pis mĂŞme si qu'on s’habitue jusqu’Ă  un certain point, on s’aperçoit que le stress est toujours lĂ , parce qu'on vit quand mĂŞme des situations qui ne sont pas naturelles.

Katherine : Est-ce que vous avez des conseils en matière de santĂ© mentale pour soi? Des petits trucs pour garder une bonne santĂ© mentale?

Barley : Moi, mes seuls conseils vraiment c'est d’essayer de prendre du temps pour soi, malgrĂ© soi, aller prendre une marche, faire de l’exercice. Je pense que c'est naturel de penser peut-ĂŞtre plus au travail que d’habitude parce que c'est ça qui nous cause le plus peut-ĂŞtre de stress, mais essayer de dĂ©crocher le plus qu’on peut. C'est sĂ»r que c'est pas Ă©vident quand on travaille de la maison, parce qu'on se sent comme quoi que lorsqu’on sort du lit, on prend un cafĂ©, pis la seule autre option c'est… c'est de marcher trois pas pour se rendre Ă  notre bureau. Mais, c'est d’essayer de dĂ©crocher le plus possible.

Katherine : Donc, on fait une sĂ©paration entre le milieu de travail et le milieu personnel?

Barley : Oui! Autant que c'est difficile, parce que j’ai vu qu'il y avait beaucoup de gens qui se sont installĂ©s sur leur table de cuisine, parce qu'ils n’ont pas nĂ©cessairement une salle de libre pour un bureau. C'est certainement pas Ă©vident pour tout le monde.

Katherine : Oui parce qu'on reste dans notre milieu personnel, y a pu de sĂ©paration.

Barley : C'est ça, c'est ça. Moi-mĂŞme je me suis aperçu que juste la conduite de la maison au bureau, c'est quand mĂŞme un moment oĂą est-ce qu'on peut rassembler nos idĂ©es et se prĂ©parer pour aller travailler. Puis, euh... de la mĂŞme façon lorsqu’on va du bureau Ă  la maison Ă  la fin d'une journĂ©e de travail, c'est Ă©galement une opportunitĂ© pour rĂ©arranger notre journĂ©e et ensuite prĂ©parer Ă  comme laisser aller. Puis lĂ , on vit tout dans le mĂŞme… dans le mĂŞme 2000 pieds carrĂ© lĂ .

Katherine : Oui c'est ça y a pas de transition entre le travail et le retour Ă  la maison.

Pour terminer l’Ă©pisode, est-ce que vous pourriez nous parler un peu de votre expĂ©rience personnelle professionnelle avec la pandĂ©mie de la COVID-19? Comment rĂ©ussissez-vous Ă  surmonter les obstacles? Comment prenez-vous soin de vous-mĂŞme? Comment est-ce qu'on prend soin de ses collègues? Etc.

Barley : Pour moi ç’a vraiment Ă©tĂ© une question d’essayer de m’adapter le plus vite possible. Dès qu’on a Ă©tĂ© ordonnĂ© de travailler de la maison le plus possible euh... je me suis organisĂ© pour pouvoir faire ça. Puis ensuite c'Ă©tait d’essayer de faire une journĂ©e de travail le plus que possible au temps que j’Ă©tais Ă  la maison. Puis ensuite, de dĂ©crocher comme je parlais, que lorsque ma journĂ©e Ă©tait finie, j’essayais de ne plus regarder ça avant le lendemain Ă , genre matin. Puis c'est sĂ»r que c'est pas Ă©vident, parce que tout ce qui est social a changĂ© Ă©normĂ©ment. Puis euh... tout d’un coup y a Ă©normĂ©ment moins de possibilitĂ©s. Mais, de passer plus de temps dehors, pis d’essayer de commencer Ă  planifier pour le printemps, puis l’Ă©tĂ©, pis de rĂŞver de qu'est-ce que ça peut ressembler dans cette situation, pour moi j’ai vu que c'est… ça l’aide. Je suis une personne qui pense naturellement optimiste, fait que je me dis : ah ben, au moins cette annĂ©e on aura un beau jardin comme exemple. Puis essayer de planifier lĂ -dessus.

Katherine : Oui est-ce que vous avez commencĂ© Ă  planifier l’après-crise, le retour au bureau, ou ça c'est pas encore sur votre radar?

Barley :  J’ai commencĂ© Ă  tourner ma tĂŞte Ă  ça, mais ce qui est intĂ©ressant puis encore inconnu c'est on est dit qu’on va quand mĂŞme recevoir des restrictions, mĂŞme si que dans le fond le bureau pourra ouvrir, ça va pas nĂ©cessairement ouvrir Ă  la normale comme avant. C'est Ă  ce niveau-lĂ  que je pense qu’il faut passer un petit peu plus de temps Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  qu'est-ce que ça ça va ressembler et qu'est-ce qui va ĂŞtre l’impact de ça. Ça fait que… mais encore lĂ , moi comme je disais, je suis une personne optimiste alors je pense que malgrĂ© ça y va y avoir quand mĂŞme des choses positives qui vont sortir de ça. Pis peut-ĂŞtre que l’Ă©lectronique pis la technologie qu’on a dĂ» s’adapter très rapidement va rester.

Katherine : Merci MaĂ®tre Barley pour vos bons conseils sur la gestion du changement au sein des petits cabinets et pour les juristes exerçants seuls. Il n’est clairement jamais trop tĂ´t pour prĂ©venir les effets d’un bouleversement. Ă€ nos auditeurs maintenant, je vous invite Ă  la description de l’Ă©pisode pour trouver des liens au guide Pratique de gestion du changement et au guide Comment innover, l’avenir des petits cabinets et des juristes exerçants seuls. Puis, via Twitter, dites-nous comment vous avez rĂ©ussi Ă  naviguer Ă  travers le changement durant une crise. N’hĂ©sitez pas Ă  partager l’Ă©pisode sur nos rĂ©seaux sociaux et Ă  nous suivre sur Twitter, @Nouvelle_ABC. Pour nos Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents et futurs, abonnez-vous Ă  Juriste branchĂ© sur Apple Podcast, Stitcher et Spotify. N’hĂ©sitez pas Ă  nous laisser des Ă©valuations et des commentaires sur ces plateformes. Vous y trouverez Ă©galement notre balado en anglais et Every Lawyer. Ă€ la prochaine!