Le risque de l’escroquerie

  • 21 octobre 2014
  • Anne de Ravinel

Que feriez-vous si vous soupçonniez un avocat de votre cabinet de subtiliser l’argent des comptes en fidĂ©icommis, de surfacturer, ou encore de faciliter les activitĂ©s de blanchiment d’argent d’un client?

Bien que les cas de fraude au sein de cabinets d’avocats demeurent extrĂŞmement rares, la menace est rĂ©elle. Et les consĂ©quences pour la rĂ©putation et la solvabilitĂ© du cabinet sont si graves qu’il importe de prendre les moyens pour en prĂ©venir l’Ă©ventualitĂ©. Voici cinq mesures Ă  adopter dès maintenant pour protĂ©ger votre cabinet de la fraude.

1. Surveiller les comportements indicateurs de fraude potentielle

Certains comportements malhonnĂŞtes sont perçus comme des signes de dĂ©vouement de l’avocat envers ses clients. Soyez donc attentifs aux avocats qui refusent les vacances, qui portent une attention trop personnelle aux demandes des clients ou encore qui travaillent exclusivement avec un petit nombre de gens. Pour l’escroc, ces comportements servent Ă  contrĂ´ler l’information, afin que ses activitĂ©s demeurent clandestines.

2. La taille et les champs de pratique du cabinet ne sont pas déterminants

Ce qui augmente le risque, c’est la possibilitĂ© pour l’avocat d’agir sans supervision ou de contrĂ´ler l’information. Il y a davantage de risques quand l’avocat est seul dans son champ de pratique, ou dans les cabinets moins bien structurĂ©s.

3. Prenez des mesures pour protéger votre cabinet

Des opĂ©rations bien structurĂ©es (ouverture des dossiers, procĂ©dures de vĂ©rification des conflits, comptabilitĂ©) nuisent aux escrocs en permettant Ă  tous d’accĂ©der Ă  l’information relative Ă  un dossier. La centralisation des informations, une revue rĂ©gulière des dossiers par les pairs et des rapports frĂ©quents aux associĂ©s augmentent la transparence. Pour dĂ©courager les comportements solitaires, on pourra Ă©galement demander aux avocats de prendre des vacances rĂ©gulièrement et de laisser des collègues rĂ©pondre aux demandes urgentes des clients.

4. Gérez les soupçons

Identifiez clairement la personne qui doit ĂŞtre avisĂ©e en cas de soupçon d’escroquerie. Choisissez une personne facile d’approche, calme, qui prendra la chose au sĂ©rieux. Pour mener l’investigation, le cabinet pourra Ă©galement envisager le recours Ă  de l’aide externe (juricomptable, conseiller juridique externe, etc.).

Le cabinet devra assurer au dĂ©nonciateur l’anonymat, ou au moins une protection contre les reprĂ©sailles. Quant Ă  l’avocat soupçonnĂ©, il faudra lui offrir l’occasion d’ĂŞtre entendu et documenter minutieusement les communications.

5. Quand l’impensable se produit

La dĂ©couverte d’activitĂ©s frauduleuses au sein d’un cabinet peut ĂŞtre dĂ©vastatrice. La direction doit prĂ©senter un plan concret pour coordonner son action et prĂ©server la confiance Ă  l’interne et vis-Ă -vis l’externe. Au sein de la direction, la transparence est de mise. Une divulgation appropriĂ©e aide Ă  limiter les ragots et a Ă©galement un effet dissuasif.

Le cabinet devra se soucier des enjeux liĂ©s Ă  sa responsabilitĂ© potentielle pour les actes posĂ©s par l’escroc, et travailler de concert avec ses assureurs. Si la fraude a nui Ă  un client, il faudra prioriser ses besoins.

Le cabinet devra envisager de rapporter les activitĂ©s frauduleuses aux barreaux pertinents et peut-ĂŞtre Ă  la police. Enfin, si l’intĂ©rĂŞt public est en jeu, il sera important de dĂ©velopper un message et une stratĂ©gie de communication ciblĂ©s et cohĂ©rents.

Cet article a paru d'abord dans le numéro de mars 2008 du magazine National de l'ABC.