Congé parental : allez-y

  • 26 octobre 2018
  • Carolynne Burkholder-James

Ryley Mennie a quelques conseils pour les jeunes juristes qui envisagent de prendre un congĂ© parental : « n’hĂ©sitez pas ».

« C’est une expĂ©rience incomparable », dit-il des quatre mois de congĂ© qu’il a pris pour s’occuper de son fils nouveau-nĂ©. « Je recommande chaudement, Ă  quiconque qui envisage ce congĂ©, de le prendre sans hĂ©siter. »

MaĂ®tre Mennie exerce dĂ©sormais en tant qu’avocat spĂ©cialisĂ© en droit du travail et de l’emploi dans le cabinet Miller Titerle + Company. Il exerçait dans un grand cabinet d’avocats d’envergure nationale lorsque sa conjointe est tombĂ©e enceinte, il y a presque trois ans, alors qu’elle Ă©tudiait pour devenir psychiatre.

« Ce n’est pas que nous n’avions pas planifiĂ© la venue de notre fils, mais elle a Ă©tĂ© un peu imprĂ©vue. Nous avions fini par oublier l’idĂ©e d’avoir un enfant, car nous approchions de la pĂ©riode oĂą ma femme devrait se consacrer entièrement Ă  ses Ă©tudes de façon très intensive pendant toute une annĂ©e », dĂ©clare Me Mennie. « Nous avions donc remis une grossesse Ă  plus tard. Mais un ou deux mois après, elle tombait enceinte. »

Pour sa conjointe, s’occuper d’un nouveau-nĂ© Ă©quivalait Ă  « largement compromettre » sa capacitĂ© Ă  Ă©tudier pour ses examens en psychiatrie, affirme Me Mennie.

« Pour qu’elle puisse passer 30 heures par semaine Ă  Ă©tudier, je devais assumer mes responsabilitĂ©s », dit-il.

Me Mennie et sa conjointe ont trouvé ce congé parental très gratifiant.

« Cela a Ă©tĂ© très positif pour notre famille », dit-il. « Je suis devenu plus rĂ©silient en tant que parent et cela a un peu facilitĂ© notre vie de famille car nous Ă©tions deux Ă  pouvoir agir. »

Lisa Ridgedale a vĂ©cu le congĂ© parental en tant qu’avocate et employeur.

Elle est mère de deux filles et associĂ©e fondatrice du cabinet Hakemi & Ridgedale LLP, spĂ©cialisĂ© en litige commercial Ă  Vancouver. 

Elle exerçait dans un cabinet privĂ© et Ă©tait une « avocate Ă  la merci du cabinet qui facturait un nombre d’heures colossal chaque annĂ©e » lorsqu’elle est tombĂ©e enceinte de sa fille aĂ®nĂ©e.

« Lorsque j’Ă©tais en congĂ© de maternitĂ©, je voulais retourner au travail, mais je ne voyais pas comment j’allais pouvoir facturer 2 000 heures tout en Ă©levant un enfant », dit-elle.

Pendant son congé de maternité, Me Ridgedale dit avoir commencé à chercher un autre poste qui lui permettrait de satisfaire à son besoin de passer plus de temps avec sa jeune famille.

Elle a accepté un poste avec un meilleur emploi du temps, hors du secteur privé. Cependant, il lui fallait retourner au travail plus tôt que prévu.

« J’ai commencĂ© Ă  travailler dans un nouvel environnement alors que j’avais un bĂ©bĂ© de quatre mois. C’Ă©tait un emploi Ă  temps plein dont je devais apprendre tous les arcanes », raconte Lisa Ridgedale.

« Toutefois, il Ă©tait plus prĂ©visible et ce n’Ă©tait pas le monde trĂ©pidant du contentieux du secteur privĂ© dans lequel j’exerçais avant et oĂą je suis ensuite revenue. En fin de compte, cela s’est avĂ©rĂ© ĂŞtre une bonne dĂ©cision. »

Le retour au travail a Ă©tĂ© compliquĂ©, dit Me Ridgedale : « J’Ă©tais fatiguĂ©e et je ne dormais pas ».

Désormais employeur, elle et son associé du cabinet ont élaboré des politiques visant à répondre aux besoins des nouveaux parents.

« Nous voulons le bonheur de nos juristes », dit-elle. « Nous voulons mettre en place un milieu de travail dans lequel les gens peuvent envisager Ă  la fois d’Ă©lever une famille et de continuer Ă  exercer le droit. »

Hakemi & Ridgedale LLP, un cabinet qui regroupe 16 juristes, a une politique sur le congĂ© parental qui permet aux juristes de prendre un congĂ© parental et de percevoir un montant qui s’ajoute Ă  leurs prestations d’assurance-emploi.

« Vous pouvez prendre le temps que vous voulez, moins d’un an, plus d’un an, la dĂ©cision vous appartient. Et vous aurez toujours un emploi Ă  la fin de votre congĂ© », dit Me Ridgedale. « Bien Ă©videmment, nous aurions plus d’argent si nous ne versions pas une indemnitĂ© Ă  nos juristes en congĂ© parental. Mais la richesse en elle-mĂŞme n’a jamais Ă©tĂ© notre objectif. Notre but est de gagner de l’argent en tant que cabinet et que nos employĂ©s soient heureux d’y travailler. »

La politique du cabinet n’est pas limitĂ©e aux parents dont les enfants ont moins d’un an.

« Si votre enfant de sept ans a des problèmes de santĂ©, vous pouvez prendre un congĂ© parental aussi. C’est une politique très ouverte », dit Me Ridgedale.

En tant qu’employeur, Lisa Ridgedale dit qu’elle apprĂ©cie les efforts que font ses juristes avant de prendre un congĂ© parental.

« Ils laissent une pratique organisĂ©e, ont prĂ©vu un bon suivi et ont communiquĂ© très tĂ´t avec leurs clients pour les prĂ©venir, leur dire Ă  qui leur dossier allait ĂŞtre confiĂ©, Ă  quoi s’attendre et qui sera leur personne-ressource. La transition s’est faite sans heurt », dit-elle. « Il n’y a eu aucun problème. »

Selon Me Mennie, un grand nombre de ses clients ont Ă©tĂ© impressionnĂ©s lorsqu’il les a informĂ©s de son intention de prendre un congĂ© parental; quelque chose qui est peut-ĂŞtre sans prĂ©cĂ©dent dans le domaine du droit dans lequel il exerce. 

« J’exerce en droit du travail et de l’emploi oĂą les notions de discrimination et d’Ă©galitĂ© des sexes sont bien connues », dit-il. « Je pense qu’il s’agit d’une conversation qui a impressionnĂ© bon nombre de mes clients. Ă€ mon avis, accepter la mise en Ĺ“uvre de ce congĂ© a Ă©tĂ© un atout pour le cabinet et pour moi, Ă  titre personnel. »

Pendant les quatre mois de son congĂ©, Me Mennie dit qu’il « tenait Ă  l’Ĺ“il » quelques dossiers qui ne nĂ©cessitaient pas une gestion quotidienne active. « J’ai pu gĂ©rer cela chez moi pour aider Ă  faire avancer les choses dans le bon sens. »

Ses collègues ont repris ses autres dossiers, dit-il, ajoutant : « J’avais la chance d’exercer dans un cabinet qui m’a grandement facilitĂ© les choses. Je n’ai pas eu l’impression qu’on me mettait des bâtons dans les roues ou que mon congĂ© posait quelque problème que ce soit. »

Bien que Me Mennie ait exercĂ© dans un grand cabinet national, il dit n’avoir eu « aucun problème professionnel » lors de son retour au travail.

« Je pense que cela dĂ©pend vraiment de la phase de votre carrière oĂą vous vous trouvez. J’en Ă©tais encore plus ou moins Ă  mes dĂ©buts », dit Me Mennie, qui avait Ă©tĂ© admis au barreau trois ans avant. « Je pense que si vous avez plus d’anciennetĂ©, il est plus difficile de prendre ce genre de congĂ©. »

Bien qu’il ait trouvĂ© très gratifiant de prendre le congĂ© parental, il reconnaĂ®t que cela s’est avĂ©rĂ© « beaucoup plus difficile » que ce qu’il avait anticipĂ©.

« Je pensais que j’allais avoir plus de temps pour mon conditionnement physique et pour faire la cuisine. J’ai eu la surprise de ma vie quand j’ai rĂ©alisĂ© Ă  quel point c’Ă©tait Ă©reintant et exigeant », s’esclaffe-t-il. « J’ai Ă©tĂ© un peu soulagĂ© de retourner au travail. »

Carolynne Burkholder-James est avocate et mère de trois enfants. Elle exerce à Prince George (Colombie-Britannique).